À Traverse City, l’inarrêtable Greya double la mise et égale le record de victoires en Grands Prix 5* sur une saison détenu par Gazelle !

En remportant son sixième Grand Prix 5* de l’année, la brillante Greya a égalé le record de victoires sur une saison jusqu’alors détenue par Gazelle Ter Elzen, son ancienne voisine de box. Kent Farrington, numéro un mondial et cavalier de ces deux juments d’exception, a encore frappé fort sur ses terres, en ne laissant aucun de ses adversaires le rattraper au barrage. Du côté du Maroc, Abdeslam Bennani Smires, champion national en titre, a vécu une victoire pleine d’émotion dans le Grand Prix du CSI 4*-W de Tétouan, aux rênes de Mister d’Eclipse… qui a bien failli voir sa carrière internationale être interrompue prématurément.
Dans l’histoire moderne du saut d’obstacles, une seule jument était parvenue à remporter six Grands Prix 5* au cours d’une même année. Elles sont désormais deux. Dimanche 21 septembre, Greya, née Contina 47, a rejoint Gazelle Ter Elzen et égalé son record en s’imposant pour la deuxième semaine consécutive à Traverse City, cette fois dans l’American Gold Cup, qui fêtait ses cinquante-cinq ans d’histoire.
“Nous avons formé Gazelle et Greya. C’est un processus long, mais gratifiant. Je suis très fier de mon équipe et des chevaux que nous avons aujourd’hui. Je savoure cette aventure. Greya est une athlète et un cheval incroyables. Elle peut et fait tout ce qui est possible pour exceller dans le sport. J’ai hâte de voir ce que le futur nous réserve, mais j’essaye aussi de profiter du moment”, a sobrement réagi Kent Farrington, numéro un mondial. Si les succès acquis par la désormais retraitée Gazelle en 2017 l’ont parfois été face à une concurrence plus importante et en Europe, comme à Genève et Madrid, la réussite de Greya n’en reste pas moins impressionnante. La fille de Colestus, âgée de onze ans, pourrait même faire tomber le record de l’ancienne complice de son cavalier dans les trois mois à venir. Elle rendrait alors un bel hommage à ceux qui l’ont fait naître, Anke Sandmann et feu son époux, Wilfried, disparu en mars. Pour rappel, les deux éleveurs allemands se trouvent aussi à la genèse des succès de Quintini et Contago, fils d’une tante de Greya.
Aux côtés de Kent Farrington depuis de nombreuses années, Denise Moriarty, groom concours des montures du numéro un mondial, est un rouage majeur de tous ces succès ! © Megan Giese / TCHS
À Traverse City, Kent Farrington et son Oldenbourg ont une nouvelle fois dominé leur sujet au barrage. En ralliant la ligne d’arrivée en 34’’75, alors qu’ils ouvraient cette finale au chronomètre, tous deux n’ont laissé aucune chance à leurs adversaires. Leurs cinq concurrents du jour - Lillie Keenan et Argan de Béliard étant restés sur la touche en raison de deux points de temps dépassé dans l’acte initial - ont tous échoué à les rattraper. Comme à Bridgehampton fin août, lors de sa dernière sortie internationale, CSF James Kann Cruz a occupé le deuxième rang aux côtés de Shane Sweetnam. Après un début d’année allégé et un été quelque peu décevant, le puissant fils de Kannan et son pilote irlandais semblent retrouver leur forme d'antan. Troisième à Dublin, avant leurs deux deuxièmes places, le duo aligne son troisième podium d’affilée en Grand Prix 5*. “James Kann Cruz était super, mais Greya est juste une jument plus rapide. Même en entrant en piste, je savais qu’il serait difficile de la battre. J’ai regardé son tour, et je savais qu’elle ne serait sûrement pas rattrapée. J’ai terminé six ou sept fois deuxième cette année, alors j’ai quand même tenté ma chance. Je n’ai pas l’impression d’avoir perdu beaucoup de temps en route. En Amérique du Nord, cette épreuve est le temps fort de l’été”, a commenté l’Irlandais, vainqueur sortant de cette épreuve.
Une nouvelle fois, CSF James Kann Cruz se glisse à la deuxième place d'un Grand Prix 5*. © Raelyn Baker / TCHS
Dans le Michigan, Shane Sweetnam a conclu son ultime parcours du week-end en 35’’97 et supplanté un autre représentant de l’île d’Emeraude : Daniel Coyle. Le numéro onze mondial avait décidé de seller Farrel VDL, un fils de Cardento dont le retour au plus haut niveau a de quoi surprendre. Absent en raison d’une blessure durant plus de trois ans, entre mars 2020 et novembre 2023, le bai brun de quinze ans n’a de cesse de surprendre son équipe, qui savoure chaque moment à ses côtés. Et en plus d’avoir repris la compétition, le KWPN le fait avec la manière et enchaîne les résultats. Vainqueur de plusieurs épreuves à 1,50 et 1,55m cette saison, et septième de l’étape Coupe du monde de Traverse City la semaine dernière, Farrel a frappé encore plus fort avec une troisième place dimanche. “Chaque parcours avec ce cheval est un bonus. À un moment donné, nous ne pensions pas qu’il ressauterait un jour, et encore moins qu’il signerait un double sans-faute dans un Grand Prix 5*”, confirme Daniel Coyle, ravi de sa performance, bouclée en 36’’49.
Quel retour remarquable pour Farell VDL, qui avait dû rester éloigné des pistes internationales pendant plus de trois ans en raison d'une blessure ! © Megan Giese / TCHS
Derrière le trio de tête, Stella Wasserman, nouvelle propriétaire et future cavalière de Jordan Molga M, a guidé l’excellente Precious Dwerse Hagen au quatrième rang. Pour leur premier Grand Prix 5* ensemble, les deux complices enregistrent un excellent résultat et font mieux que la sixième place décrochée par la baie brune en décembre dernier avec Olivier Philippaerts dans l’étape Coupe du monde de Malines. Suivent au classement Roberto Teran Tafur, double sans-faute avec son fidèle Dez’ Ooktoff, ainsi que Charlotte Jacobs, qui a abandonné au barrage en compagnie de Playboy JT.
À Tétouan, les rêves deviennent réalité
À l’instar de Farrel VDL, Mister d’Eclipse aurait pu voir sa carrière internationale s’achever prématurément. Jugé “exceptionnel” et doté de “moyens énormes” par Jean-Charles Grandmontagne, qui l’avait acheté poulain puis formé jusqu’à ses huit ans, en 2020, l’alezan est resté éloigné des pistes internationales plus d’un an, entre juillet 2023 et septembre 2024. Un temps aux rênes d’Abdelkebir Ouaddar, puis de son entraîneur Philippe Le Jeune et de son épouse, Lucia Le Jeune Vizzini, le puissant alezan par Diamant de Semilly avait finalement poursuivi sa route aux côtés de Majid Djaidi et Ali Al Ahrach avant de rejoindre Abdeslam Bennani Smires au printemps 2023. Si le coup d’arrêt lié à sa blessure à repousser l’éclosion de l’étalon BWP, son heure de gloire est enfin venue, dimanche 21 septembre, dans le cadre de la première étape de la tournée du Morocco Royal Tour. À Tétouan, sur ses terres, Abdeslam Bennani Smires, champion du Maroc en titre, a célébré une victoire pleine d’émotions, la première de sa carrière dans un Grand Prix 4*-W !
Face à son public, Abdeslam Bennani Smires a savouré chaque seconde du tour d'honneur partagé avec son excellent Mister d'Eclipse. © Morgan Froment / MRT
“C’est un moment incroyable, une année incroyable. Je crois que la vie est bien faite parce qu’elle nous enlève des choses et qu’elle nous en offre d’autres. J’ai perdu mon papa cette année, ce qui fut un moment très difficile. Dans ma vie, j’ai aussi eu la chance de croiser Mister d’Eclipse. J’ai continué à me battre, à travailler, à y croire, et cela a payé : d’abord au championnat du Maroc, et ici aujourd’hui. Je suis persuadé que mon père me regarde là-haut et qu’il y est pour quelque chose. Gagner ici a une saveur particulière parce que c’est un concours que nous attendons et préparons chaque année. Pour autant, nous restons concentrés sur la Coupe des nations prévue la semaine prochaine au CSIO 4*-W de Rabat”, a réagi le héros du jour. “Mister d’Eclipse a eu une grave blessure, et certains le voyaient déjà à la retraite. Notre victoire n’en est que plus belle : c’est une vraie fierté de le voir dans une telle forme aujourd’hui. Nous essayons de nous adapter à lui au maximum, et il saute très peu à la maison. J’ai la chance d’avoir un crack, et il semble que ce mode de fonctionnement lui convient parfaitement.”
Au mérite d’une seconde manche achevée en 46’’90, l’attachant duo a barré la route à Abdulrahman Alrajhi et Heartbeat W, un fils de Baloubet du Rouet. Le duo a accusé plus de trois secondes de retard à l’arrivée et s’est contenté de la deuxième place, devant l’Ukrainienne Anastasia Bondarieva et l’inoxydable Calder, seize ans. L’ancien partenaire du Suisse Romain Duguet a enregistré le meilleur résultat de sa carrière à ce niveau !
Tandis qu’Emmanuele Gaudiano réalisait la seconde manche la plus rapide en poussant toutefois une barre à terre sur Nikolaj de Music, Chloe Aston et Nicolas Dezeuses assuraient, eux, un double zéro avec leurs respectifs Akito von Rocherath et Garou des Forêts, dix et neuf ans. La Britannique et le Français sont quatrième et cinquième de ce premier temps fort marocain.
Photo à la Une : Où s’arrêteront Greya et Kent Farrington, vainqueurs de leur sixième Grand Prix 5* de l’année ? © Sam Garvin / TCHS
Les épreuves des CSI 5* de Traverse City et CSI 4*-W de Tétouan sont à (re)voir sur Clipmyhorse.tv.