Le pôle du cheval et de l’âne de Lignières s’est paré de ses plus beaux atouts, samedi 8 février, pour sa première journée de l’élevage. Chapeauté par l’Association des éleveurs équins du Berry, ce rassemblement convivial et bon enfant a attiré plusieurs centaines d’éleveurs, venus observer au plus près les vingt-trois étalons présentés, parmi lesquels se trouvaient plusieurs stars du saut d’obstacles mondial. Un bilan unanimement positif pour cette édition inaugurale, qui pourrait bien en appeler d’autres.
“L’organisation de la journée de l’élevage de Lignières était parfaite. L’association s’est donnée beaucoup de mal. Tout était très bien orchestré. Nous n’avions jamais eu quelque chose de semblable dans la région. C’est super ! C’est une initiative à reproduire et à suivre”, lance Solange Planson. Samedi 8 février, l’éleveuse à l’origine de l’excellent affixe de Chalusse, qu’a notamment porté la matrone Fragance, n’a pas hésité sur le programme de sa journée. La Berrichonne a pris la direction de Lignières afin d’assister à la journée de l’élevage organisée par l’Association des éleveurs équins du Berry (AEEB), fondée il y a trois ans. Au menu : conférence, présentation d’étalons et surtout échanges et rencontres.
Vingt-trois étalons à observer, du crack de haut niveau au poney shetland
Cette journée, placée sous le signe du partage et de la convivialité, a été l’aboutissement d’un long travail pour les six membres qui composent le bureau de l’AEEB. “Les démarches pour organiser cet événement ont débuté au mois de novembre 2024. Sur le terrain, les préparations, notamment du ring de présentation en sable, ont commencé un mois avant le jour J. Nous sommes tous bénévoles au sein de l’association et avons chacun une activité professionnelle en lien avec les chevaux en parallèle. Nous avons donné de notre temps les week-ends, puis toute la semaine précédant la présentation”, retrace Thomas Cutard, trésorier de l’AEEB. “Deux raisons principales nous ont donné l’idée d’organiser cette journée à Lignières. Tout d’abord, nous sommes loin de Saint-Lô (à plus de cinq cents kilomètres, ndlr) et nous trouvons cela dommage qu’il n’y ait pas davantage de possibilités de voir des étalons avant le début de la saison de reproduction. Ensuite, notre but avec l’AEEB est toujours de mettre en avant l’élevage local et d’aider nos éleveurs. Nous cherchons donc à développer tout ce qui est en rapport avec l’élevage dans la région. Offrir la possibilité aux gens de voir les étalons en vrai, à Lignières, était très important pour nous.”
Père d'Icactcher de Baloustar, troisième du championnat de France des six ans en 2024 à Fontainebleau, Balou Star s'est présenté aux éleveurs à Lignières. © Louise Renaud / Flash One Instant
Et les efforts et l’implication de l’association, qui compte une soixantaine d’adhérents, ont été récompensés. Au total, vingt-trois étalons se sont présentés face au public à partir de 10 heures samedi matin, encadrés par deux écrans permettant d’apprécier, en vidéo, leurs exploits sportifs ou leurs allures. Parmi eux des stars, à l’image du vice-champion du monde et médaillé de bronze olympique Quel Homme de Hus (né Quempas, Quidam de Revel x Candillo), de Balou Star (Balou du Rouet x Quick Star), médaillé d’or par équipe aux championnats d’Europe Jeunes cavaliers en 2017 avec la Britannique Millie Allen, du Selle Français Originel Nippon d’Elle (Scherif d’Elle x Narcos II), classé dans quelques uns des plus beaux Grands Prix de la planète avec Roger-Yves Bost, d’Open Up Semilly (Diamant de Semilly x Arpège Pierreville), père, entre autres, d’Uno et Vénard de Cerisy, Uitlanders du Ter (Clinton x Hurlevent), champion de France Pro Elite avec Benoît Cernin en 2019, ou encore Chacgrano*GFE (Chacco-Blue x Grannus), classé jusqu’à 1,60m, mais aussi de jeunes reproducteurs très bien nés, dont les deux fils de Quel Homme de Hus, Okavango Sitte et Quel Prince d’Eden, frère utérin d’Ilex VP, ainsi que des étalons poneys. “Nous avons été agréablement surpris de voir de grands étalonniers jouer le jeu, avoir envie de montrer leurs étalons ailleurs qu’à Saint-Lô. Mais nous n’avons pas ouvert la porte qu’aux étalons de sport de haut niveau. Il y avait de petits étalonniers, un étalon shetland, un connemara, deux New Forest, un Pure race espagnol. Il ne faut pas oublier que l’élevage ne se résume pas seulement aux chevaux de sport et de haut niveau. Il y a aussi les chevaux d’instruction, de balade, de randonnée, etc. Nous comptons beaucoup de gérants de centres équestres parmi nos adhérents et ils doivent aussi pouvoir s’y retrouver en matière d’élevage”, souligne Thomas Cutard.
Une organisation saluée unanimement
En petit comité, éleveurs et passionnés ont pu prendre le temps d’échanger avec les différents étalonniers présents sur place, des géants que sont le Groupe France Elevage et France Etalons, en passant par les haras de Kerossi et du Val-d’Arnon, ou encore Gaëtan Decroix.
“Cette journée de l’élevage a été très bien organisée. L’association, qui est très dynamique et peut compter sur un bon groupe de personnes, avait mis les petits plats dans les grands. Ses membres sont moteurs et force de proposition. Tous étaient motivés du début à la fin de la journée, à commencer par le speaker qui a présenté chaque étalon comme s’il était le gagnant du Prix d’Amérique. Il y avait un joli décorum, une petite tribune et les restaurateurs ont été dévalisés, signe d’une bonne fréquentation. Grâce à l’actualité autour de Candy et Folie de Nantuel, Foxy de la Roque, ou encore toute la souche de Chalusse, la région Centre revient véritablement au cœur du sport et de l’élevage”, apprécie Brice Elvezi, présent aux côtés d’Arnaud Evain, pour promouvoir leur étalon Chacgrano, qui effectuera la saison de monte 2025 à Lignières. “Même s’il n’y a pas de manège sur place et que le ring de présentation était un peu petit, je garde un sentiment positif de cette journée et je ne peux que féliciter ces acteurs régionaux pour leur investissement et leurs actions. Il y avait des étalons de sport intéressants et les personnes présentes étaient heureuses de se voir, de pouvoir échanger et discuter. Nous avons pu avoir des échanges plus qualitatifs avec les gens que lors du salon des étalons de Saint-Lô, où nous sommes un peu inaccessibles tant le stand est pris d’assaut. Aujourd’hui, le temps est devenu une richesse, mais il est important d’en prendre pour discuter de notre passion.”
Le Groupe France Elevage a profité de l'événement pour mettre en lumière Chacgrano, stationné au haras du Val d'Arnon en 2025. © Louise Renaud / Flash One Instant
Si l’événement est reconduit en 2026, ce qui semble être la volonté de l’AEEB, qui dresse un bilan très positif de cette grande première, certains étalonniers sont déjà plus que partants pour revenir. “À moins d’un cas de force majeure, nous reviendrons sans aucun doute ! Il n’y a même pas de réflexion à avoir”, affirme avec conviction Gaëtan Decroix, ravi de sa virée berrichonne aux côtés de son épouse, Alice Decroix-Trehoust, et leurs trois reproducteurs. “Nous encourageons les organisateurs à recommencer. Lancer un nouvel événement est toujours délicat, mais je pense qu’ils pourraient même développer un projet un petit peu plus grand, tout en restant à leur échelle et à leur image. Quoi qu’il en soit, ce projet est intéressant et une très bonne initiative. Tout a été très, très bien fait. L’organisation était digne d’un grand événement. Nous avons été agréablement surpris par le professionnalisme de ce groupe d’amis qui forme l’association. Je travaille avec le haras du Val d’Arnon depuis plusieurs années, et nous avons toujours eu de très bons contacts et résultats. Le fait que Quel Homme de Hus soit désormais à la retraite facilite le fait d’aller vers les éleveurs. Nous avions à cœur de soutenir ce projet. Nous avons rencontré des éleveurs que nous n’aurions peut-être pas touchés ailleurs. Tous n’ont pas forcément la possibilité de se déplacer pour voir les étalons en concours ou à Saint-Lô. Ici, ils pouvaient les approcher, ressentir leur caractère, leur énergie. Je pense que ce moment de rencontres a été intéressant pour tout le monde. J’aime échanger avec les éleveurs et j’ai l’avantage qu’Alice partage cette passion avec moi. Il lui est très facile de parler de ses étalons, de leurs qualités et leurs défauts, puisqu’elle a monté Quel Homme et plusieurs de ses produits, que nous avons élevés à la maison.” Et Solange Planson de compléter : “Tout le monde ne peut pas se rendre à Saint-Lô. Lorsqu’on regarde de belles photos d’étalons, on peut se faire une idée, mais rien ne vaut de les voir en vrai, de sentir leur prestance, d’observer leur manière de se présenter, etc. Parfois, c’est comme cela qu’on se laisse convaincre !”
Les portes de la journées de l'élevage de Lignières étaient ouvertes à tous les étalons ! © Louise Renaud / Flash One Instant
Comptant parmi les quinze exposants présents sur place, la maison France Etalons salue, elle aussi, la réussite de cette journée de l’élevage et ne ferme pas la porte à une présence renforcée dans les années à venir. “J’ai trouvé qu’il y avait vraiment une très bonne ambiance, chaleureuse. Nous avons été très bien accueillis par les organisateurs, que j’ai trouvé très sympathiques. J’ai rencontré une bonne quinzaine d’éleveurs vraiment intéressés. Nous avons eu l’occasion de discuter longtemps avec eux, de regarder leurs juments, d’échanger. C’était vraiment enrichissant. Nous n’avons pas voulu prendre d’étalons pour cette première édition, car cela demande une autre logistique, mais je pense que nous reviendrons au salon, possiblement avec des étalons en fonction de leurs lieux de stationnement”, confie Maéva Ruault, satisfaite de la journée malgré le temps hivernal.
“Je ne peux que souhaiter aux organisateurs de la journée de l’élevage de Lignières de grandir”, Gaëtan Decroix
Les quelque trois cents visiteurs de la journée ont, en plus des étalons, pu profiter des différents stands, de cinq conférences, organisées dans une salle annexe, toujours sur des thématiques autour de l’élevage, puis du gala des éleveurs, qui fêtait sa troisième édition et a animé la soirée de samedi. Dans l’assistance, outre Solange Planson, quelques jolis noms ont passé une tête à Lignières, comme Michel Aladenise, éleveur d’un certain Hooker Berry, vainqueur du Prix d’Amérique en 2023, ou encore Etienne Abord-Hugon, responsable des écuries du château d’Ygrande et préparateur de plusieurs jeunes chevaux ayant brillé cette saison, dont Mortimer Vehem (Emerald van’t Ruytershof x Jarnac), vainqueur de la qualificative étalons de Chazey-sur-Ain, treizième à Saint-Lô avec la deuxième meilleure note au saut en liberté et présenté pour l’occasion aux éleveurs. “Nous avons accueilli des personnes qui venaient d’assez loin, de Vichy, Clermont-Ferrand, Orléans, etc”, se félicite Thomas Cutard. Et Gaëtan Decroix, qui ne tarit pas d’éloges sur cette journée de l’élevage, d’ajouter : “Tous les éleveurs à cent kilomètres à la ronde doivent se déplacer pour cet événement !”
Après cette première réussie, l’AEEB a déjà le regard tourné vers les différents projets qui rythmeront l’année 2025… et vers les futures éditions de la journée de l’élevage. “Nous allons tâcher de rester à petite échelle, en proposant un salon convivial. L’idée de l’organiser sur deux jours n’est pas écartée”, détaille Thomas Cutard. “Nous allons également étudier les possibilités d’améliorations des conditions de présentation des étalons, que l’on voyait simplement sur un cercle au pas. D’ici quelques années, pourquoi pas proposer une partie montée, ou une ligne droite, afin de mieux apprécier leurs locomotions. Quoi qu’il en soit, le but serait de développer tout cela à échelle humaine et en étant raisonnables. Notre but n’est pas de concurrencer Saint-Lô, loin de là, mais de montrer que l’on peut faire des choses sympathiques dans le Berry, de regrouper des passionnés et de passer un bon moment.”
Sur le ring, les éleveurs ont pu apprécier les vingt-trois étalons présentés au modèle. © Collection privée
Avec la disparition des animations élevage - peu viables - autrefois organisées lors du Jumping international de Bordeaux, la fin du Tour de France des étalons et un salon des étalons du Sud-ouest avorté en 2025 après une belle initiative menée par l’Association des éleveurs d’Anglo-arabes et de chevaux de sport du Lot-et-Garonne en 2024, les occasions de rassemblement et de discussions sur le terrain demeurent rares. Restent le salon des étalons de sport de Saint-Lô, passage incontournable, des portes ouvertes et autres présentations privées, comme celle proposée, par exemple, par le haras Zangersheide du côté d’Opglabbeek jeudi 13 février, et… Lignières. “Il y a toujours une bonne ambiance lors d'initiatives régionales comme celle de Lignières. Lorsque j’ai commencé à travailler chez France Etalons, nous faisions davantage de salons et cela manque un peu”, glisse Maéva Ruault. “Je pense qu’il faut continuer à créer des rassemblements dans ces régions-là. Saint-Lô restera Saint-Lô, mais ces belles initiatives permettent de créer des rencontres. Désormais, charge aux organisateurs d’affiner leur modèle et d’inscrire ce rendez-vous au calendrier”, poursuit Brice Elvezi. “Je ne peux que souhaiter aux organisateurs de la journée de l’élevage de Lignières de grandir, d’attirer du monde et que le bouche à oreille fonctionne. Il n’y a pas de place que pour les grands événements : il y en a aussi pour les rassemblements à taille humaine, chaleureux et conviviaux”, complète Gaëtan Decroix. Forte de l’engouement de sa première édition de la journée de l’élevage, l’AEEB a désormais les cartes en mains pour pérenniser son très bel événement pour les années à venir.
Photo à la Une : Quel Homme de Hus faisait partie des stars de l'événement. © Louise Renaud / Flash One Instant