Quelle surprise et quelle soirée pour Inès Joly ! Encore inexpérimentée au plus haut niveau, la jeune amazone française a décroché le difficile Grand Prix 5* de Monaco aux rênes d’Ambassador, un hongre de dix guère plus aguerri sur de telles épreuves. En signant l’unique double sans-faute de cette épreuve où seuls deux couples se sont qualifiés pour le barrage, les deux complices ont empoché près de cinq cent mille euros. Pas mal pour une grande première à ce niveau. Même Max Kühner et EIC Up Too Jacco Blue, pourtant en grande forme ces dernières semaines, se sont avoués vaincus. Avec un point de temps dépassé, Nina Mallevaey et sa crack Dynastie de Beaufour ont complété le trio de tête. Du côté de Calgary cette fois, la victoire est revenue à l’Irlande grâce aux deux parcours impeccables de Conor Swail et Count Me In.
Pas même Inès Joly ne devait rêver d’un tel succès. Alors que les passionnés n’avaient d’yeux que pour Aix-la-Chapelle, La Mecque des sports équestres, se courait un autre CSI 5*. Grâce à une dotation gonflée à bloc, la minuscule et atypique piste de Monaco a attiré quelques couples très en forme, samedi 6 juillet. Qualifié pour le barrage au terme d’un parcours des plus exigeants, Max Kühner, à qui ce terrain réussit depuis des années, semblait avoir course gagnée. Mais c’était sans compter sur une faute, concédée lors de la finale au chronomètre aux rênes de son génial EIC Up Too Jacco Blue, qui ne cesse de briller. Sans se faire prier, Inès Joly, qui a ouvert le barrage, s’est engouffrée dans la brèche et a imposé Ambassador, un hongre de dix ans par Aganix du Seigneur né chez… Jos Lansink. S’il avait bien déjà pris part à quelques parcours à 1,60m, sans jamais trouver la voie du sans-faute, le Zangersheide était aligné au départ de son deuxième Grand Prix 5*, après avoir conclu celui de Shanghai avec cinq points.
“C’est extraordinaire”, s’est émue une Inès Joly sans voix et aux anges. “Je n’ai jamais imaginé cela. C’est incroyable et formidable. Je savais que j’avais une chance, donc je me suis dit que j’allais tenter le coup. C’était la chance de ma vie, et je l’ai saisie. Si on m’avait dit il y a deux ans que je remporterais mon premier Grand Prix 5* sur le Longines Global Champions Tour, j’aurais été là, avec mon masque pendant le Covid, à dire que c’était utopique. Je vis un vrai rêve.”
Plus rapide mais pénalisé, l’Autrichien Max Kühner, nouveau numéro trois mondial depuis quelques jours, opéré de la main après le CSIO 4* de Sopot et déterminé à bien figurer aux Jeux olympiques de Paris, s’est offert un énième classement au plus haut niveau cette saison. Avec Up Too Jacco Blue, son fils de Chacco-Blue, il n’est pas passé loin de rééditer son triomphe de Ramatuelle. Il a regretté de ne s’être pas battu davantage, dans cette épreuve dotée d’1,5 million d’euros, dont à peine moins de cinq cent mille sont revenus à Inès Joly.
En signant un parcours parfait sur les barres mais en laissant échaper un point de temps pour… quatre infimes centièmes, la Tricolore Nina Mallevaey a inscrit une nouvelle performance de choix cette saison, après avoir déjà terminé sur le podium d’un Grand Prix 4* cet hiver à Wellington. La Française comptait sur la Selle Français Dynastie de Beaufour, avec laquelle elle semble s’entendre à merveille. Exceptionnellement groomée par Sean Lynch - sorti de sa retraite de soigneur le temps d’un week-end mais jamais bien loin de l’équipe de la famille Rein et des chevaux -, la fille de Diamant de Semilly révélée par Valentin Besnard et formée par Romain Lescanne participait à son troisième Grand Prix 5*. Après avoir conclu les deux précédents avec une faute, la bai a cette fois trouvé les clefs du sans-faute, au moins sur les barres, et confirme son excellente association avec sa cavalière française.
Jeanne Sadran, star de Paris avec Dexter de Kerglenn il y a deux semaines, a de nouveau fait parler d’elle. Toujours associée à son fils de Mylord Carthago, la jeune amazone toulousaine a bouclé le parcours à quatre points le plus rapide de l’épreuve, pour obtenir une excellente quatrième place, qui prouve encore sa progression fulgurante des derniers mois.
Andreas Schou et Napoli vh Nederassenthof, qui iront à Paris cet été pour les Jeux olympiques, ont fait le plein de confiance, décrochant un bon classement malgré une faute. Le Top 8 a été complété par les paires formées par Edwina Tops-Alexander et Fellow Liefhebber, Jane Richard et Molly Malone ainsi que Mouda Zeyada et If Looks Could Kill. Deux jeunes chevaux de neuf ans, Casual DV et Iron Dames*Singclair se sont également distingués dans ce difficile Grand Prix, sous les selles de Pieter Devos, neuvième, et Sophie Hinners, onzième.
Julien Epaillard, qui avait à coeur d’empocher le pactole, tout comme Maikel van der Vleuten, Wilm Vermeir, Harrie Smolders, Grégory Wathelet, Angelica Augustsson Zanotelli, Jérôme Guéry ou encore Simon Delestre ont échoué à faire moins de deux fautes.
Conor Swail fait briller l’Irlande à Calgary
Samedi 6 juillet, avec quelques heures de décalage, un autre Grand Prix 5* se courait, cette fois de l’autre côté de l’Atlantique. À Calgary, Conor Swail a été inspiré par ses coéquipiers, vainqueur de la Coupe des nations d’Aix-la-Chapelle deux jours plus tôt. Aux rênes de son fidèle Count Me In, dix-sept printemps, le véloce représentant de l’île d'Émeraude a défié le chronomètre pour couper la ligne d’arrivée en moins de 40’’00. Même si l’Américain Nicholas Dello Joio et son homologue Neal Fearon se sont montrés encore plus rapides au barrage sur Cornet’s Cambridge et le Selle Français Cocktail de Talma, leur faute les a empêchés de s’octroyer la victoire. Trois et quatrième, tous deux ont en plus laissé passer Amy Milar et Truman, né Virtuose Breil. Impeccable sur les deux parcours qu’il a affronté, le futur couple olympique a joué la sécurité pour s’offrir une nouvelle place d’honneur. Avec un point de temps dans l’acte initial de ce Grand Prix, Nayel Nassar et Mario Deslauriers se sont classés six et septième en compagnie de Capital Night Star, un hongre de onze ans né Night Star van het Keizershof, récemment arrivé au sein de son piquet avec une expérience internationale quasi inexistante, et Emmerson.
Photo à la Une : Inès Joly pouvait avoir le sourire après la prouesse signée au compagnie d'Ambassador sur le Rocher de Monaco. © LGCT