Jeune, timide, Eduardo Campos ne manque pas d'ambition. Fils d'un grand industriel espagnol dans le bois, le jeune homme travaille dans l'entreprise familiale avec son père et son frère. Une famille qu'il a progressivement attiré dans les chevaux jusqu'à engager en début d'année le cavalier belge Grégory Wathelet. Aujourd'hui, le Yeguada Campos (le Haras Campos) ne compte pas moins d'une centaine de chevaux, du poulain au 8 ans Callucio, le plus âgé des chevaux de l'écurie. Le but aujourd'hui : atteindre le gratin mondial avec les étalons du haras familial, tout simplement !
Quand et comment avez-vous débuté votre passion pour les chevaux ?
Je devais d'avoir 9 ans. Durant les vacances d'été, on m'a envoyé en stage à Madrid pour apprendre l'anglais avec plusieurs enfants de mon âge. Le matin, nous avions des cours d'anglais et l'après-midi, nous avions différentes activités comme jouer au Football, Basket Ball, tennis… ce genre de choses, mais également monter à cheval. J'ai donc commencé à monter là-bas et j'ai vraiment adoré les chevaux et tout ce qui allait autour. Après cela, j'ai su que je voulais faire plus de choses autour des chevaux.
En revenant à la maison, nous avons cherché et trouvé un endroit où je pourrai continuer à monter et m'occuper des chevaux. J'y allais tous les week-ends et quelques mois plus tard, j'ai trouvé une école d'équitation où l'on donnait des cours de sauts d'obstacle. J'y allais tous les jours et je pense que je ne devais pas m'en sortir trop mal puisque le propriétaire du manège m'a confié des chevaux à monter. J'ai donc débuté la compétition et monté de plus en plus. Mon père a alors décidé de m'acheter mon premier cheval.
A 14-15 ans, j'ai participé au championnat d'Espagne pour junior où j'ai été jusqu'en finale. J'étais en tête à l'issue du premier jour jusqu'au deuxième de la finale. Tout le monde pensait d'ailleurs que j'allais gagner, mais mon cheval n'était plus très jeune, sa santé précaire… et il s'est mis à boiter. J'étais qualifié pour les championnats d'Europe qui avaient lieu quelques semaines plus tard, mais ce n'était pas possible car je n'avais que ce cheval et je ne voulais prendre aucun risque pour lui. 
A cette époque, nous n'avions pas encore cette ferme et nous ne faisions pas du tout d'élevage. Je payais juste une pension dans un manège pour mon cheval. Lorsque celui-ci s'est mis à boiter, j'ai commencé à en chercher un autre. Je me suis donc rendu en Belgique où j'ai acheté une jument de 5 ans avec beaucoup de moyens par Lys de Darmen. Elle était très verte, mais je pensais qu'elle pouvait être une très bonne jument pour le futur et, à cette époque, mes parents ne voulaient pas mettre beaucoup d'argent dans les chevaux. Nous l'avons donc importée en Espagne. Elle sautait merveilleusement mais en même temps, elle devenait de plus en plus forte et très difficile en bouche. Je la sortais dans des épreuves 1m20-1m30, mais lorsque l'on a qu'un cheval qui est difficile à monter et que l'on doit se battre tous les jours, on ne prend pas autant de plaisir. poulain de Chepetto C avec une jument par Indoctro VDL Un peu plus tard, j'ai dû partir à l'université pour mes études et j'ai dû arrêter de monter. Mes parents s'inquiétaient beaucoup car je ne pensais qu'aux chevaux et ils pensaient que je voulais devenir cavalier professionnel, ce qui ne les enchantait pas vraiment. C'est pour cette raison qu'ils m'ont poussé à aller étudier à l'université et arrêté quelque peu les chevaux. Néanmoins, je ne voulais pas arrêter complètement les chevaux. Alors ils m'ont proposé d'élever avec cette jument. Pour moi, c'était une bonne solution intermédiaire. Nous avons donc d'abord eu une pouliche et lorsqu'elle a eu deux ans, j'ai commencé à m'occuper d'elle, à la faire sauter en liberté… puis j'ai commencé à la monter dans le cycle des jeunes chevaux en Espagne, mais je ne pouvais la monter que le week-end car je vivais à Madrid durant la semaine. 
My girl (La Zarras & la propre soeur de Lord Calando et donc soeur utérine de Carthago) suitée de Cumano 
Un jour, je me suis dit qu'il fallait que j'arrête de faire ça car quand je fais quelque chose, j'aime bien le faire très bien et dans ces conditions, ce n'était pas possible et je n'aime pas faire les choses à moitié. J'ai alors convaincu ma famille d'acheter une seconde jument pour élever. J'ai commencé à chercher sur internet après les meilleurs lignées possible et je ne sais plus pourquoi ni comment, mais j'ai pris contact avec VDL. Je suis allé là-bas une première fois, seul, et j'ai trouvé une jument qui me convenait. J'ai donc élevé avec une seconde jument puis de fil en aiguille, j'en suis arrivé au stade où nous en sommes aujourd'hui. Dix ans se sont écoulés entre ma première pouliche et aujourd'hui, et les choses se sont surtout accélérées ces dernières années. Eduardo et sa compagne Barbara observant l'évolution de leurs chevaux ...
Ma famille m'a suivi dans cette aventure et maintenant, elle apprécie cela également. Nous avons une usine de bois et pour mon père, les chevaux représentent également une manière de se déconnecter un peu des problèmes de son travail. Pour nous, le dimanche, c'est quelque chose de spécial. A 8 heures, nous allons nourrir toutes les juments avec mon père puis avec toute la famille, nous nettoyons les boxes et nous occupons de tout alors que nos employés ont congé. Je pense qu'il y a différentes manières d'apprécier les chevaux. Certaines personnes aiment être dans les VIP pour regarder leurs chevaux en compétition. Pour ma part, je prends beaucoup de plaisir à regarder mes poulains et mes juments, et bien sûr je prends beaucoup de plaisir à regarder Grégory travailler et sauter avec mes chevaux.
Eduardo, l'aîné, accompagné de son frère, Fernando, et Beatriz
A demain pour la suite !
