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À la rencontre de Madelene Nord, bonne fée des chevaux de Peder Fredricson

Madelene Nord
mardi 18 mars 2025 Avec communiqué

Dans la réussite du couple cavalier-cheval en piste, le groom joue, souvent dans l’ombre, un rôle capital. Chaque week-end, ces petites mains s'affairent en coulisse pour que leurs complices à quatre jambes soient dans les meilleures conditions. Madelene Nord veille sur les montures du Suédois Peder Fredricson et l’a accompagné le week-end dernier aux Pays-Bas, pour l’étape du Rolex Grand Chelem de saut d’obstacles organisée à Bois-le-Duc. La Scandinave, qui a notamment travaillé pour Marco Kutscher, revient sur son parcours, sa relation avec son cavalier et quelques-uns des enjeux de son métier.

Quels ont été vos premiers pas dans le milieu équestre et comment êtes-vous devenu la groom des chevaux de Peder Fredricson en compétition ?

D’aussi loin que je me souvienne, les chevaux ont toujours fait partie de ma vie. Je monte à cheval depuis que je suis toute petite. Ma mère m’a mis le pied à l’étrier. La Suède a une importante culture équestre, avec beaucoup de cavaliers et de chevaux, pas forcément au plus haut niveau, mais ils sont de plus en plus nombreux à y arriver. Je jouais aussi beaucoup au football et je partageais donc mon temps entre ces deux sports. Pendant mes trois dernières années d’école, je me suis tournée vers des études équestres. Frank Kutscher, le frère de Marco Kutscher, vivait en Suède à l’époque et m’a aidée à me frayer un chemin dans ce milieu, en m’emmenant en concours. Cela a fini par me mener en Allemagne, où j’ai travaillé pour Marco pendant cinq ans. C’était une expérience formidable. Désormais, je travaille pour Peder Fredricson, en tant que groom concours. En tant que Suédoise, évoluer aux côtés d’un cavalier lui aussi suédois est chouette. 

Comment procédez-vous pour tisser un lien avec les chevaux dont vous vous occupez ?

C’est difficile à expliquer mais, au bout du compte, ce qui importe est le fait de passer du temps avec eux, dans différentes situations. Cela permet de comprendre comment ils vont réagir et de s’adapter à eux. Nous sommes là pour les chevaux, et notre travail consiste à apprendre comment ils se comportent, ce qu’ils aiment et n’aiment pas. Le seul moyen d’y parvenir est de passer beaucoup de temps avec eux.

Que faites-vous pour vous assurer que les chevaux atteignent leur point de forme aux dates clés du calendrier sportif ?

J’essaye de maintenir leurs habitudes autant que possible en compétition. Bien entendu, certaines choses doivent être adaptées en fonction du programme des épreuves, mais il est très important de maintenir une routine familière pour eux, comme les heures des repas. Il est aussi crucial de les garder en mouvement, de les faire sortir de leurs boxes, mais aussi de leur accorder des temps de repos suffisants.

J’ai travaillé avec de nombreuses personnes expérimentées qui m’ont beaucoup appris. Les chevaux sont des animaux routiniers, et s’il y a trop de changements, les choses peuvent mal se passer. Plus on passe de temps avec son cheval, mieux on le comprend et plus on remarque les détails qui peuvent faire la différence.


 



Pouvez-vous en dire plus sur votre piquet de chevaux actuel ?

À Bois-le-Duc, j’étais accompagnée de Hansson WL et Catch Me Not S. Catch Me Not S a dix-neuf ans et Hansson WL dix-sept. Ils représentent la vieille garde ! Mais ils sont vraiment en forme et être en concours avec eux est super sympa, car ils ont beaucoup de personnalité et connaissent bien les concours. Dès qu’ils voient qu’on prépare le camion et qu’ils montent dedans, ils savent exactement ce qui se passe.

Catch Me Not S n’est pas des plus faciles en compétition : il peut être très sensible, réactif et vif, mais il aime vraiment aller en concours, tandis que Hansson WL est un peu plus détendu et plus facile à gérer. Il est difficile d’expliquer leurs personnalités car nous en connaissons un certain aspect en les côtoyant tout le temps, tandis que le public en voit un autre en les regardant en piste. Dans tous les cas, ce sont des chevaux adorables.

Quelles qualités font de Peder Fredricson un si bon cavalier ?

Il veut toujours s’améliorer et évoluer, il cherche constamment des petites choses à faire pour perfectionner ses performances et il est toujours ouvert pour essayer de nouvelles choses. Sa mentalité est l’une de ses plus grandes forces. Il ne se dit jamais “cela a bien fonctionné, ne changeons rien” ; au contraire, il est toujours en quête de nouveaux axes de progression. À la maison, il travaille beaucoup à pied, en main et à la longe, ce qui fait une grande différence. Sa longévité est due à cet état d’esprit : il cherche toujours à s’améliorer et à trouver de nouveaux moyens de rester au meilleur niveau.

Selon vous, qu’est-ce qui fait la particularité des Majeurs du Rolex Grand Chelem de saut d’obstacles ?

Ces événements sont toujours extrêmement bien organisés et les organisateurs travaillent constamment pour s’améliorer et se perfectionner. La plus grande différence est que tous les meilleurs cavaliers veulent non seulement participer à ces épreuves, mais surtout les gagner ! Il y a toujours quelque chose de très spécial dans ces événements. Le jour du Grand Prix, l’ambiance est incroyablement intense, ce qui rend les choses passionnantes car on ressent l’importance du moment. Tout doit être parfait pour obtenir une victoire dans un Majeur.

À Bois-le-Duc, nous étions dans de très bonnes conditions : nous avions beaucoup de place, tant pour nous que pour les chevaux. Les pistes sont spacieuses et très bien entretenues et tout est à portée de main pour nous, ce qui nous permet d’aller faire un tour dans les boutiques et profiter du salon.

Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui voudrait, comme vous, devenir groom de haut niveau ?

Je lui dirais de foncer ! De ne pas avoir peur de faire des erreurs, et d’apprendre de ceux qui ont plus d’expérience. Tout le monde commet des erreurs : cela fait partie du processus d’apprentissage. Pour les jeunes grooms, je leur conseillerais de persévérer. Tout ne se déroulera pas toujours parfaitement, mais les efforts et la détermination seront la preuve de leur motivation. Cela prend du temps. J’exerce ce métier depuis de nombreuses années, mais tant qu’on aime les chevaux et que l’on est passionné, on finit toujours par y arriver. 

Photo à la Une : Derniers instants de concentration pour Peder Fredricson, Catch Me Not S et Madelene Nord. © Mélina Massias