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A la découverte du "Lozon".

Reportages mardi 18 février 2014
Expertise du KWPN
Laurent Vignaud

Ancien directeur du haras de Saint-Lô et connu aujourd'hui en tant que directeur général adjoint de France-Haras, Laurent Vignaud est également un éleveur passionné installé en Normandie. L'affixe « de Lozon » commence à se faire connaître. A l'heure où Rose Rouge du Lozon (Baloubet du Rouet x Papillon Rouge) pointe le bout de son nez chez Pius Schwizer, c'était au tour de Baloulisco de Lozon d'être sous les feux de la rampe, présenté par le VDL Stud lors de l'approbation des étalons du KWPN.

Studforlife : S'agissait-t-il de votre première visite au KWPN ?

Laurent Vignaud : « Non, c'était la seconde fois. Je m'y étais déjà rendu il y a 3-4 ans lorsque nous avions fait le tour des concours étalons en Europe pour voir la manière dont ils pourraient modifier le concours français, qui était vraiment dépassé, et ainsi voir la manière de le faire évoluer. Il y a eu différentes délégations et je faisais partie de celle qui s'est rendue au KWPN et au Holstein. » SFL : De quelle manière trouvez-vous que cela a évolué ? L.V. : «  Non, je trouve que c'est toujours pareil que lorsque je m'y suis rendu la première fois. C'est très différent de ce que j'ai vu par exemple dans le Holstein, qui est un concours vraiment très marketing, axé autour de la vente, alors que je trouve qu'ici, c'est un concours assez zootechnique dans le sens de la génétique. C'est très bien fait, très bien organisé. Il y a une forte communication sur la marque KWPN, mais en même temps, ça reste un concours très technique et zootechnique où ils sélectionnent les chevaux qu'ils ont envie de voir avec une méthode très efficace.

J'étais étonné de voir l'homogénéité des chevaux dans la souplesse, la réactivité. Ils sont tous un peu pareils avec, c'est vrai, du look, mais aussi très souples et très réactifs. C'est assez drôle de voir la manière dont ils fonctionnent, par lignée de père. Chaque année, je suis surpris de voir à quel point on voit qu'ils veulent mettre le point sur une lignée bien précise, plus que sur les chevaux eux-mêmes. Cette année, on a bien vu qu'ils cherchaient du Baloubet du Rouet, du Quick Star… ça se voyait. Ce n'est pas pour autant qu'ils prennent n'importe quoi, mais quand ils ont envie de mettre l'accent sur une lignée, ça se sent. »

SFL : Trouvez-vous cela dérangeant lorsqu'ils appuient sur une lignée précise ?

L.V. : « Non, je trouve ça assez intelligent de leur part. J'avais été surpris lors de ma précédente visite de voir qu'ils ne prenaient pas certains Quidam de Revel à l'agrément, qui étaient pourtant des chevaux corrects, mais j'avais compris que c'était parce que c'était une lignée qui ne les intéressait plus à ce moment-là.

Je trouve ça assez courageux de leur part et je pense que c'est sans doute une bonne méthode pour faire évoluer la race dans le sens où on veut la faire évoluer. Si on recherche plus un caractère présent chez tel ou tel étalon, et de ce fait, mettre l'accent une année ou deux sur ces étalons-là, ce n'est pas idiot. Il faut pouvoir se permettre de le faire, mais c'est bien. »

SFL : Aujourd'hui, en voyant ceci, pensez-vous que les journées du Selle français ont évolué dans le bon sens ?

L.V. : « Moi, je suis toujours déçu de voir le monde qui était présent le jeudi où j'étais présent. Je suis étonné de voir dans tous les concours où j'ai été à quel point les éleveurs sont présents et paient leur entrée en plus. C'est une grande fête en plus, ils viennent voir les jeunes étalons et s'y intéressent alors qu'en France malgré tous les efforts qui ont été faits sur les JSF, cela n'a encore pas pris ! Si on enlève les participants aux épreuves et leurs familles… il n'y a pas grand monde en tant qu'éleveur.

Je trouve cela surprenant. Je ne comprends pas pourquoi les éleveurs ne s'intéressent pas plus au concours étalon de la race. C'est bizarre. Au KWPN, on est en semaine, l'entrée est payante et c'est une somme non négligeable, il n'y a pas de passe-droit et ils le font avec le bonheur. Ca pour moi, c'est une différence notable. »

SFL : Vous avez été étonné d'être invité vous-même à y participer ?

L.V. : « Oui, j'ai été très étonné de l'accueil qui nous a été réservé… mais c'est peut-être spécifique à VDL qui m'avait acheté le cheval. Le KWPN m'avait écrit en me disant que j'avais fait naître un cheval qui les intéressait et ils ont tourné une belle phrase disant que c'était grâce à des éleveurs comme nous que leur race progressait et ils m'ont envoyé une entrée gratuite. Je trouve ça fou de faire les choses avec autant de respect des éleveurs, en soutenant aussi des éleveurs qui ne sont pas de leur race.

C'est sympa, c'est vraiment fair-play. VDL eux m'ont carrément réservé une place dans leur loge. C'est vraiment beaucoup d'attention. En France, nous ne sommes pas habitués à cela. Peut-être que pour impliquer plus les éleveurs, il y a un travail en ce sens à faire en France. On doit progresser de ce côté-là. Désormais, nous n'avons plus de prime de naissance donc si les éleveurs n'ont pas un minimum de reconnaissance, ce n'est pas très motivant. »

SFL : Comment est-ce que Baloulisco est arrivé chez VDL ?

L.V. : « En fait, Wiepke Van de Laegeweg est venu à la maison pour voir un autre poulain. C'est assez fou de voir l'activité de ce bonhomme et à la vitesse à laquelle il juge les chevaux. Moi, je n'ai jamais vu ça ! Il est rentré dans le champ voir ce poulain, en dix secondes il l'a écarté. En plus, le poulain avait été malade un peu avant donc il n'était pas vraiment dans son élément. Puis paf, il a repéré celui-là, il m'a demandé s'il était à vendre et au bout de 30 secondes, j'avais une offre. C'était assez dingue. Ensuite, on est rentré à la maison et sur les 200 mètres, il m'a asticoté le prix et on a fini par trouver un accord, mais cela s'est passé aussi vite que cela. Ce poulain est issu d'un transfert d'embryon. J'avais loué sa mère en espérant avoir une pouliche, puis j'ai eu un mâle et c'est la raison pour laquelle j'étais vendeur, et cela m'intéressait d'autant plus de le vendre dans une grande maison comme VDL. Je ne pensais pas qu'on irait jusque-là mais l'idée m'intéressait. J'avais loué la jument car je pensais que Baloubet lui irait bien. Elle avait une super souche puisqu'il s'agit de la souche d'Itot du Château et la jument était elle-même une bonne jument de concours puisqu'elle avait tourné jusqu'en CSI**. »

SFL : Quand on retrouve son poulain un peu plus tard dans le ring, est-ce qu'on le reconnaît depuis son départ du pré ?

L.V. : « Je ne peux pas dire ça car il est parti de chez moi à 6 mois. Mais c'est marrant car lorsque je l'ai revu, et que nous avons fait les photos, j'ai vraiment trouvé qu'il avait quelque chose de sa mère. Plus que poulain en fait. J'ai retrouvé des choses du cheval mais je trouvais qu'il avait évolué plus dans le sang que ce que je le voyais poulain. Je n'ai pas retrouvé tout ce que j'avais du poulain à 6 mois car il a beaucoup évolué et ils changent, mais il y avait quand même des choses que j'aimais bien dans le poulain et que j'ai retrouvées, mais ce n'est jamais gagné d'avance. »

SFL : Le croisement vous plaisait toujours ? Il vous a fait regretter que ce ne fût pas une pouliche ?

L.V. : « Oui, c'est sûr ! Je regrette un peu moins que si cela fait un bon mâle, ce sera déjà une belle satisfaction. Maintenant, c'est comme cela et je ne peux pas me plaindre car j'ai fait naître pas mal de Baloubet et c'est le seul mâle que j'ai eu. Je les ai toutes gardées, sauf celle qui est chez Pius Schwizer maintenant. »

SFL : Qu'espérez-vous maintenant ?

L.V. : «J'espère qu'il va confirmer son approbation après le testage et qu'il va confirmer sur les barres après. C'est vrai que c'est un cheval français alors il a des allures correctes et, par rapport à certains chevaux hollandais, il a un modèle correct mais sans plus. Par contre, il saute bien et VDL m'a dit clairement qu'ils l'appréciaient beaucoup pour ça car il sautait fantastique à la maison et ils ont beaucoup d'espoirs à ce niveau-là. J'espère qu'il confirmera et j'aimerais bien qu'il puisse un jour être agréé en France, pour que l'on puisse utiliser ce sang-là, car cela reste Baloubet avec une très bonne lignée et donc une génétique purement française et super intéressante. »

SFL : Que retenez-vous de votre expérience en Hollande ?

L.V. : «Pour moi, c'est une super expérience d'éleveur, car être accueilli comme cela par des gens qui sont vraiment des gens de chevaux, qui connaissent vraiment tous les gens de la planète du cheval de sport, je trouve cela vraiment hyper sympa ; Et avoir un étalon approuvé dans un stud-book aussi rigoureux que le KWPN, c'est une grande satisfaction d'éleveur, cela fait super plaisir. »