Après le père, voici le fils. Depuis trois ans, Daniel Deusser écrit une belle histoire avec Otello de Guldenboom, un descendant de son fabuleux Tobago. L’une des plus belles pages de leur livre commun s’est écrite en lettres d’or à La Baule, théâtre de leur première victoire commune dans un Grand Prix 5*. Grâce à un barrage parfaitement négocié, tous deux ont mis à l’amende René Lopez Lizarazo, associé à Londina PS, ainsi que McLain Ward et sa nouvelle pépite, Imperial HBF.
Otello de Guldenboom toquait à la porte depuis plusieurs mois, le voilà désormais élevé au rang des gagnants en Grand Prix 5*. Pour son premier triomphe à ce niveau, le bai a, en plus, choisi le superbe cadre du CSIO de La Baule pour s'offrir le Grand Prix Rolec. Dimanche 8 juin, le complice de Daniel Deusser a fait un pas de plus dans les traces de son illustre père, Tobago.
Avec l’Allemand des écuries Stephex, le père à la volonté sans limite avait décroché les temps forts des CSI 5*-W de Bordeaux et Madrid, CSI 5* de Prague, New York et Bois-le-Duc. Son fils, lui, semble avoir fait des pistes en herbe son terrain de prédilection. “Otello et Tobago sont très différents physiquement. Otello est plus imposant, plus puissant, mais lorsqu’on apprend à le connaître, on constate que père et fils ont la même mentalité, des capacités et que tous deux grandissent en piste et comprennent ce qu’ils doivent faire. Otello n’a pas toujours été le plus rapide, mais il a beaucoup progressé ces derniers mois et cherche les obstacles dans les barrages”, a expliqué l’heureux lauréat. “Je suis très heureux du comportement de mon cheval. Il voulait la même chose que moi et nous nous sommes battus ensemble. Stephan Conter a acheté Otello il y a trois ans. Avec les chevaux, on peut avoir une idée de leur potentiel, mais celui-ci doit ensuite être confirmé. Il comptait déjà quelques victoires, mais il s’agit de son premier succès en Grand Prix 5*, ce qui rend toute notre équipe très fière.” Pour autant, le Germanique ne semble pas faire des prochains championnats d’Europe un objectif, son équipe nationale disposant déjà de suffisamment d’éléments pour constituer un collectif solide.
Pour s’imposer dans la soixante-quatrième édition de l’Officiel de France, Daniel Deusser et Otello de Guldenboom ont eu l’avantage de s’élancer en derniers, dans un barrage à huit et au terme d’une première manche très relevée et pleine de surprises. Alors en tête des opérations, René Lopez Lizarazzo croyait bien tenir la plus belle victoire de sa carrière. Sa très généreuse Londina PS lui a offert deux sans-faute, ses tous premiers à ce niveau. Comme son nom l’indique, Londina est une fille de Carembar de Muze, alias Glock’s London, et une petite-fille de Chacco-Blue, courant de sang fétiche de son éleveur, Paul Schockemöhle. Elle même à l’origine d’un produit évoluant déjà à 1,55m, Corembar Blue PS, l’alezane a fait la joie de son cavalier. Le plus français des Colombiens a célébré ce beau résultat en famille, même si un brin de déception, feint dans quelques rires et boutades, transpirait au paddock. “Je voulais être premier ! Au paddock, j’ai regardé le parcours de Daniel sur l’écran et je n’ai jamais autant prié pour que quelqu’un fasse une barre ! (rires) Mais c’était vraiment très bien, et je ne peux que féliciter Daniel. Je suis très content de ma jument, qui progresse sans arrêt”, a déclaré le Lorrain d’adoption, qui a posé ses valises dans l’Hexagone voilà plus de quatre décennies.
Troisième, McLain Ward avait la faveur de nombreux observateurs avec Imperial HBF, une toute nouvelle monture dont il a pris les rênes il y a quelques mois à peine, succédant au sympathique et non moins talentueux Tim Gredley. Avec le Britannique, le fils de Glasgow van’t Merelsnest avait déjà brillé au plus haut niveau, notamment au cours de la saison hivernale. Cette fois, dans un décor tout autre, celui qui a vu le jour… en Ecosse, a récité deux nouvelles prestations sans fausse note, comme dans la Coupe des nations de Rome, pour occuper le troisième rang. “Tim a fait un travail formidable avec ce cheval. Je suis très reconnaissant que Michael Smith l’ait sécurisé pour moi. Nous avons toujours eu un œil sur lui. Tim m’avait prévenu qu’Imperial était un vrai gentil et il fait tout ce qu’on lui demande parfaitement. Il s’agissait de notre deuxième barrage ensemble. Je ne pense pas que j’aurais pu rattraper Daniel aujourd’hui… peut-être la prochaine fois ! Imperial est un athlète remarquable et je suis impatient de voir ce que l’avenir nous réserve”, s’est enthousiasmé le représentant états-unien, qui se sent toujours parfaitement accueilli à La Baule, terrain de compétition qu’il foule depuis vingt ans maintenant.
Grâce au quatrième et dernier double sans-faute du jour, Pedro Veniss et Nimrod de Muze*Imperio Egipcio, qui avaient été les premiers à trouver la voie du clear round dans l’acte initial du Grand Prix, sont quatrièmes. Ils devancent Scott Brash et sa bondissante Hello*Folie de Nantuel, absolument remarquable tout au long du week-end, Ricardo Pisani et son atypique Chatolinue PS, un autre représentant du gigantesque Gestüt Lewitz, ainsi que Richard Vogel et son jeune et prometteur Levi Noesar, né chez Jur Vrieling et vainqueur de la finale des jeunes chevaux à Aix-la-Chapelle l’été dernier, et Henrik von Eckermann, associé à son espoir des prochains championnats d’Europe, O’Neil van’t Eigenlo, alias Minute Man.
Photo à la Une : Otello de Guldenboom marche dans les traces de son père, Tobago. © Mélina Massias
Les parcours du CSIO 5* de La Baule sont à (re)voir sur GRANDPRIX.tv.