Au cœur du salon Longines Equita Lyon, la Société hippique française (SHF) a donné une nouvelle tournure à son traditionnel rendez-vous avec les cavaliers des Cycles classiques. Après plusieurs années consacrées à une finale indoor destinée aux meilleurs chevaux des CIR, une formule axée sur la formation des jeunes montures s’est tenue lors de cette édition anniversaire. La masterclass, dispensée sur deux jours, était dirigée par un intervenant de haut standing en la personne du Brésilien Marlon Modolo Zanotelli, figure bien installée au plus haut niveau.
À l’instar de ce qui se pratiquait déjà pour les cavaliers de jeunes chevaux de dressage, la SHF a profité de la vitrine dont elle dispose lors du salon Longines Equita Lyon pour proposer une “clinic”, un cours commenté par l’intervenant en public, à neuf professionnels habitués des cycles classiques. Après une première séance, vendredi 1er novembre, sur l’une des carrières de compétition du salon, les heureux élus ont pu dérouler un court parcours sur la prestigieuse piste du CSI, toujours sous le regard très attentif du maître de stage : Marlon Modolo Zanotelli. Un choix qui peut surprendre, le Brésilien, installé en Belgique, étant bien loin du circuit Jeunes chevaux, mais que Michel Guiot, président de la SHF explique : “Marlon Modolo Zanotelli est vraiment un top cavalier. Nous voulions avoir quelqu’un qui donne une vision du travail à long terme, qui permette aux cavaliers de se projeter dans leur travail pour faire évoluer les chevaux.”
Et l’actuel quarante-septième mondial, médaillé d’or individuel aux Jeux panaméricains de Lima, en 2019, avec la Selle Français Originel Sirène de la Motte (Apache d’Adriers), s’est parfaitement prêté à l’exercice. “Le système français pour les jeunes chevaux est très bon”, apprécie-t-il. “Je ne peux malheureusement pas me rendre à Fontainebleau car je suis en concours, mais mon frère, chargé de trouver des chevaux, y va. C’est un très bon endroit pour voir beaucoup de bons chevaux, même si les acheter est difficile car beaucoup de monde vient aussi les voir et que les prix sont élevés. Ici, j’ai vu un bon lot de chevaux, déjà bien dressés pour leur âge, des chevaux intelligents qui sont avec leur cavalier. Pour moi, avec les jeunes il faut faire des choses simples, ne pas leur mettre trop de pression et toujours communiquer avec eux par des ordres clairs. Je ne saute pas beaucoup avec les quatre et cinq ans, je les oriente plutôt sur de la gymnastique, avec du travail sur des barres au sol et beaucoup de transitions. Le plus compliqué c’est entre les obstacles : les fautes viennent souvent d’un mauvais tracé.” Et c’est bien cette méthode qui a été le fil rouge des deux séances.
Sur la grande piste, dans un français parfait, le Brésilien a demandé à ses élèves d’un jour, par exemple, de montrer les coins de la piste à leurs chevaux, toujours dans la douceur, de chercher le relâchement, etc. Après avoir repris une partie du parcours si nécessaire, chaque cavalier bénéficier d’un bilan de son passage, comme pour le premier en lice, Grégoire Hercelin, associé au frère utérin de la championne d’Europe et vice-championne olympique Dynamix de Belhème, Jentleman de Belhème (Vagabond de la Pomme). Contrairement aux années précédentes, la sélection des participants ne s’est pas faite sur les performances des chevaux tout au long de la saison, mais sur les cavaliers. La priorité a ainsi été donnée à ceux ayant reçu le label cavalier Jeunes chevaux, décernés par la SHF aux meilleurs du Top 100 à l’issue de stages et d’observations par des formateurs. Ensuite, chacun avait la liberté de venir à Lyon avec la monture leur semblant la plus adaptée pour cette double séance de travail. Cette année, cinq des neuf cavaliers en lice étaient labellisés, l’idée, à terme, étant que tous bénéficient de cette distinction lors de cet encadrement privilégié.
Laëtitia Mailly, qui fait partie du conseil d’administration de la SHF, est l’une des neuf heureux élus à Lyon. La cavalière de l’élevage du Gué, près de Metz, a monté une quinzaine de chevaux cette saison. “J’avais déjà participé au championnat des CIR et quand Michel Guiot m’a proposé de venir pour cette nouvelle formule, j’ai été très intéressée”, explique-t-elle. “Evoluer sur la grande piste d’Equita est très formateur pour les chevaux. Ce changement nous met plus dans cette optique de formation, avec moins de pression : il n’y a pas l’obsession de sortir un sans-faute, ce qui est mieux pour les chevaux. En fin de saison, plusieurs de mes chevaux ont été vendus. J’ai choisi d’amener une jument qui a peu tourné, Iseult de Condé (Douglas du Gué). Sur la grande piste, elle a fait tomber des barres mais ce n’est pas grave, c’est un très bon apprentissage. Cette formation lui a été bénéfique. Les indications de Marlon Modolo Zanotelli confirment ce que je cherche : avoir un cheval calme, droit. Pour cela il faut répéter les choses, toujours rassurer. Tous les cavaliers ont été ravis et nous avons travaillé dans une bonne ambiance. Nous avons pu prendre notre temps pour la première séance, mais le timing du deuxième jour est un peu serré, ce qui explique pourquoi nous nous sommes limités à neuf participants. C’est dommage de ne pas avoir pu faire la reconnaissance avec Marlon, mais c’est bien que la SHF puisse avoir ce créneau sur la carrière principale. La SHF a pris en charge les frais de transport ainsi que l’hébergement des chevaux ici. Financièrement, c’est donc une bonne opération pour tous les participants.”
Et Fabien Duranton de confirmer l’intérêt d’avoir confié les rênes de ces deux journées d’apprentissage à Marlon Modolo Zanotelli : “C’est un cavalier que j’admire depuis longtemps. Il a une équitation moderne, très agréable à suivre et je suis très heureux d’avoir pu travailler avec lui. Il est très directif et prodigue des conseils avisés à chacun. Il demande beaucoup de rigueur, d’être en place et c’est déjà ce que j’avais vécu dans l’écurie de Mark McAuley, où j’étais jusqu’en mai dernier. Désormais, je travaille pour Fabien Debost, près de Dijon, et je suis venu avec Iksted des Meulières (Balou du Rouet), qui a suivi le circuit des Cycles classiques jusqu’au CIR.” Pour Zakaria Hamici, qui s’implique sur le circuit SHF depuis 2023 pour le compte de l’écurie de Jean-Luc Mourier, en Haute Savoie, l’expérience était aussi très positive. “C’est très chouette pour les chevaux de courir sur une piste magnifique comme celle-ci, avec un coach précis, qui va droit au but. On est dans le même esprit que ce que nous faisons à la maison, mais avoir un rappel, revisiter ce que l’on fait est toujours bénéfique. Je montais Joyau d’Helby (Casago), qui a peu tourné, mais qui, à mes yeux, sera une star du circuit des six ans l’an prochain !”
Venu de la même écurie sur les rives du Léman, Pierre Colin, quant à lui, trouvait dans cette masterclass une belle conclusion à une saison fructueuse avec un cheval qu’il a fait naître : Jazz Boy (Ogrion des Champs). Ensemble, le couple a pris part au championnat de France de Fontainebleau, mais aussi aux Mondiaux de Lanaken avec, à chaque fois, un sans-faute à la clef. “C’est une belle opportunité d’avoir pu participer à ce stage”, apprécie-t-il. “Les conseils de Marlon Modolo Zanotelli nous mettent sur la bonne voie.” Désormais, il ne reste plus qu’à les appliquer, dès la reprise de la saison jeunes chevaux, début 2025 !
Photo à la Une : Malgré un créneau réduit sur la piste principale d'Equita Longines Lyon, Marlon Modolo Zanotelli n'a pas été avare en conseils et analyses, pour chaque couple. © Mélina Massias