Parfaitement orchestré, Compiègne Classic a tenu toutes ses promesses, tant côté sport que côté élevage. En parallèle du CSI 3*, qui a attiré les foules, tant sur la piste que dans les tribunes, des épreuves réservées aux chevaux de six et sept ans ont permis aux jeunes pépites de demain de prendre une expérience non négligeable et aux spectateurs d’en découvrir ou redécouvrir certaines. Chez les sept ans, Charlotte Spaas Levallois a écrit une nouvelle ligne de l’histoire familiale grâce à High Lady SL, une sœur utérine de sa géniale Dream de Beaufour, tandis que Sing et Tabitha Kyle ont fait carton plein du côté des six ans.
L’écrin de Compiègne a mis en lumière les jeunes chevaux ce week-end. Samedi 13 avril, les montures de six et sept ans ont disputé leur finale respective. Avec plus de quatre-vingt-dix engagés chez les aînés, le spectacle était au rendez-vous. Ce Grand Prix parfaitement dosé, avec dix-huit barragistes, a permis de découvrir des talents plus que prometteurs. Au terme de la finale au chronomètre, Charlotte Spaas Levallois et sa High Lady SL ont décroché la palme, pour le plus grand bonheur de l’amazone, quatrième du championnat de France Pro Elite de Fontainebleau en 2023 aux rênes de Dream de Beaufour… une sœur utérine de sa jeune pépite.
“High Lady SL est issue de notre propre élevage. Sa mère, (Grande Dame vh Dingeshof, une fille de Toulon et Takashi van Berkenbroeck, ndlr) a déjà donné cinq chevaux qui évoluent à 1,50m. Je suis très, très fière de ma maman qui a trouvé cette jument avec mon père. C’est avant tout grâce à mes parents que j’ai tout cela. C’est une histoire de famille, que nous continuons d'écrire tous ensemble. Nous sommes forts tous les trois”, s’est émue la talentueuse cavalière de vingt-cinq ans. Lancée en compétition par Edgar Paillousse à quatre ans, High Lady a définitivement intégré le piquet de Charlotte Spaas Levallois à cinq ans. “Au début, elle ne payait peut-être pas de mine, mais elle était sixième du championnat de France réservé aux jeunes chevaux l’an dernier. Elle ne fait jamais plus que ce qu’il faut, mais elle fait toujours exactement ce qu’il faut, quand il faut ! Elle me surprend. Aujourd’hui, je ne sens pas de limite. Je ne vais pas dire qu'il s'agit d'une future jument de Grand Prix, mais je crois énormément en elle et, surtout, je respecte où elle va m’emmener. Elle est géniale, n’a peur de rien et si je devais sauter par-dessus des pots de fleurs pour tourner plus court, elle le ferait. C’est une très chouette jument. Je suis très contente de l’avoir à mes côtés et de l’avoir fait naître”, a-t-elle ajouté.
Fille de Vagabond de la Pomme, la talentueuse baie a activé le turbo lors du barrage, pour conclure son ultime parcours du week-end en 42’’31. Alors qu’Emeric George avait fait forte impression un peu plus tôt dans l’épreuve avec Herblock du Ru, la paire féminine n’a pas perdu le moindre centième et s’est imposée presque sans forcer ! De quoi laisser présager de belles choses, alors que ses frères et sœurs utérins continuent de briller. La relève devrait également être assurée, puisque Grande Dame a notamment donné des produits par Emerald van’t Ruytershof, Mylord Carthago ou encore Ermitage Kalone ces dernières années, tandis que plusieurs transferts d’embryons avec Diamant de Semilly, père de l’excellente Dream de Beaufour, ont également été réalisés.
Longtemps en tête, donc, Emeric George a aussi mis à l’honneur le sang de Vagabond de la Pomme, puisque sa monture du jour, Herblock du Ru, est un petit-fils de l’ancien complice de Pénélope Leprevost. Cet alezan, né chez Eric Sakhoun et passé par l’écurie la Delphinière pour sa formation, présente des origines pour le moins intéressantes puisque sa mère, Dune du Ru, concourt à bon niveau avec Emeric George et est une fille de… Sirène de la Motte, en or aux Jeux panaméricains de Lima en 2019 avec Marlon Modolo Zanotelli. À cela s’ajoute l’influence de son père, le champion olympique de Rio What A Quickstar R, alias Big Star. Arrivé sous la selle du local de l’étape depuis un peu plus d’un an, après avoir appris son métier aux côtés Christophe Bonnin, Herblock du Ru a enregistré la meilleure prestation de sa jeune carrière à Compiègne, une piste qui semble particulièrement lui réussir. Le binôme a coupé la ligne d’arrivée en moins de 43’’00, comme deux autres duos, classés aux trois et quatrièmes places.
Après deux premières saisons de concours allégées, Heartlove de Pleville attaque les choses sérieuses. Impeccable lors de ses deux parcours, le hongre de Mathieu Billot s’est classé troisièmes. Né à l’élevage de Pleville, le bai brun est issu de la souche basse de la grande Bourrée et est un fils du très chic Carinjo 9*HDC. Il s’est hissé au troisième rang, pour un centième de moins que Margaux Rocuet et sa bondissante Hatomik Divy. Elite à cinq et six ans à Fontainebleau sous la selle de Nicolas Layec, l’alezane née chez Caroline Hartereau a tout récemment intégré le piquet de chevaux de Margaux Rocuet. Toutes deux ont réalisé deux parcours parfaits et ne sont pas passées loin de la victoire. Puissante et démonstrative, la fille de Fakir de Kreisker et Woshana M, une descendante de Chin Chin, est apparue très à l’aise et prête à confirmer tous les espoirs entrevus ces dernières années.
Chagrin d’Amour, un fils de Candy de Nantuel qui sort du lot
Cinquième, Hanley DKS, fils de Kannan et Kumana DKS par Cumano né chez Dejan Krunic, a complété un Top 5 cent pourcents français. Sous la selle de Reynald Angot, le puissant étalon gris a encore rendu deux copies impeccables. Juste derrière lui, un autre gris, cette fois par Cicero van Paemel et Amaryllis, une autre fille de Cumano vue jusqu’au plus haut niveau avec Pedro Veniss, s’est offert le sixième rang. Il s’agit de Chinook Pommex, un très plaisant hongre né aux écuries Stephex et monté par l’Américain Michael Hughes.
Sur les quatre-vingt-onze chevaux de sept ans à s’être mis en évidence au centre de la piste de Compiègne, certains sont clairement sortis du lot, à commencer par Chagrin d’Amour, qui a fait le bonheur de son cavalier brésilien, João Victor Castro. Puissant et particulièrement charismatique, l’alezan a non pas survolé les barres mais bien les chandeliers à chaque saut. Serein et très à l’aise malgré ses sauts parfois disproportionnés, l’étalon, enregistré au stud-book du selle luxembourgeois par son naisseur Andre Nepper, a stupéfait tout le monde. De par son modèle imposant, difficile de deviner que ce mâle de sept est un fils de… Candy de Nantuel*GFE ! Pourtant, il a bien hérité de son passage de dos. La mère de Chagrin d’Amour, Sagesse d’Amour, est quant à elle une fille de Stakkato et sœur utérine de plusieurs très bon performeurs internationaux, comme Sarah Bella 2 et Saint Amour, qui ont respectivement concouru jusqu’en Grand Prix 3* et gagné jusqu’en Grand Prix Coupe du monde CSI 5*-W. Le fils de Candy de Nantuel et son pilote se sont classés bons septièmes, une sacrée performance pour leur… première sortie internationale ! À cinq et six ans, Chagrin d'Amour avait brillé avec Sofian Misraoui, avant d'être vendu en mars dernier à François Mathy et Lillie Keenan. Assurément, il faudra garder un œil sur ce spectaculaire alezan.
Huitièmes, la toute bonne Hello du Gué s’est encore distinguée, toujours sous la selle de Valentin Besnard. La fille de Cicero van Paemel avec une mère par Dalton van het Lindenhof a conservé son score vierge après deux prestations pleines d’aisance. La belle poursuit sa formation avec la même réussite que ces dernières saisons et pourrait bien obtenir une nouvelle distinction à Fontainebleau en 2024.
Sanctionné d’une faute au barrage, Don Tarpania a aussi su séduire à Compiègne. Noir, chic et talentueux sur les barres, l’étalon ne peut pas renier son père, à qui il ressemble comme deux gouttes d’eau : Dominator 2000. Sous la selle du Néerlandais Lars Kuster, le petit-fils de Glasgow van het Merelsnest réalisait sa première sortie internationale de l’année.
Un excellent lot de sept ans et des origines passionnantes
Ce Grand Prix réservé aux chevaux de sept ans fut aussi l’occasion de (re)voir Huricane de Champloué sous la selle de Bertram Allen. L’Irlandais a réalisé une petite promenade de santé avec son exceptionnel gris, pépite de l’élevage de Jean-Marie Charlot, qui ne peut qu’être fier de son ancien protégé, qui a tout pour marcher dans les traces de son aîné, Empoli de Champloué, lui aussi passé par la maison Allen et vainqueur en Grand Prix 5* à huit ans seulement, avant d’être cédé à Cian O’Connor et récemment arrivé sous la selle de Jana Wargers. Dans l’Oise, l’étalon, très prisé par les éleveurs en 2023 pour sa première saison de monte, a concédé deux points de temps, mais n’a, encore une fois, laissé personne indifférent. Celles et ceux lui ayant fait confiance dès l’an dernier ne devraient pas regretter leur choix et les premiers produits du gris commencent à pointer le bout de leurs nez.
Harry de Beaufour, champion de France des six ans en 2022, et Hatlantika, championne des cinq ans un an avant et fille de Best of Iscla, étaient de la partie. Sous les selles de Reynald Angot et Nicolas Layec, tous deux ont de nouveau montré des choses très intéressantes, la seconde estimant visiblement que les barres n’étaient pas assez hautes pour elle ! Une faute les a tous deux écartés du barrage… pour cette fois. Piégé sur le numéro un, Hold Up de Villevert, fruit du croisement entre Cornet Obolensky, né Windows vh Costerveld et une fille de Couleur Rubin sur la souche de Nervoso, n’aurait pourtant pas volé une place en finale. Son naisseur et cavalier, Allan Pacha, qui en a repris les rênes après une formation à mettre au crédit de Carla Berton, a dû passer un sacré moment en piste. Espérons qu’il aura profité pleinement du voyage offert par son immense gris à la détente phénoménale. Havane des Baleines, déjà remarquée lors de la finale des six ans à Equita Lyon, Honey Girl GEM, une autre fille de Vagabond de la Pomme, décidément bien représenté à Compiègne, ou encore Hanais Villers ont aussi tiré leur épingle du jeu, malgré une faute pour les deux premiers, présentés par Pedro Junqueira Muylaert et Camille Condé-Ferreira, et deux points de temps dépassé pour le troisième, monté par Thibault Jouanneteau.
Encore en rodage, Harkange d’Elbe, Acapulca DV et Harald de Bélhème ont quant à eux permis d’observer des concentrés de génétique particulièrement intéressants. Monté par Thibault Destrebecq pour le compte de Nicolas Delmotte, Harkange d’Elbe, né chez Georges Dufossez, est un frère utérin de la championne olympique Sydney Une Prince par Nervoso. Acapulca DV, quant à elle, est une petite-fille de Just Me D, ancienne très bonne jument de concours de Pieter Devos qui s’annonce comme une génitrice d’exception. La grise était guidée pour l’occasion par Caroline Devos-Poels, épouse de Pieter. L’excellente amazone néerlandaise avait déjà formé l’exceptionnelle Casual DV, une fille de Just Me D qui s’apprête à disputer son premier grand championnat du côté de Riyad, ainsi qu’Obsession DV, son frère utérin, vu dans le label 1* de Compiègne Classic, aux côtés du jeune Chinois Nathaniel Pang Qinyu, également propriétaire de certains chevaux des frères Allen. L’héritage de cette lignée maternelle semble assuré. Et celui de la reine Soudaine du Montet aussi ! Pendant que sa plus célèbre fille, la championne d’Europe Dynamix de Bélhème, continue de préparer tranquillement les Jeux olympiques de Paris, le jeune Harald de Bélhème, lui, fait ses gammes. Propriété de Laurent Guillet, le fils d’Emerald van’t Ruytershof né chez Laure et Frédéric Aimez était aussi monté par Thibault Destrebecq.
Partition sans fausse note pour Sing chez les six ans
Pendant que leurs aînés investissaient la piste Decarpentry, les jeunes chevaux de six ans jouaient eux aussi leur finale, sur la carrière Delahaye. La victoire est revenue à Sing, un Zangersheide par le félin Copycat, un petit-fils du crack Comme Il Faut 5, avec une mère par Contact vd Heffinck. Le hongre a réalisé un carton plein dans l’Oise, en remportant deux épreuves réservées à sa classe d’âge et terminant sans-faute, avec le meilleur chronomètre, de la troisième, jugée au barème A sans chronomètre, le tout sous la selle de la Britannique Tabitha Kyle. Associés depuis le début d’année, tous deux n’ont rien raté ou presque, terminant dans le Top 2, ou sans-faute pour les épreuves sans classement, sur treize de leurs neuf parcours ! À cinq ans, Sing, qui est né chez Marcel Schrijversn, avait participé aux championnats du monde de Lanaken avec Joseph Trunkfield.
La deuxième place de la finale est revenue à Thierry Rozier et Nataly ES, une KWPN par l’ancienne gloire de Christian Ahlmann Codex One. Passée sous les selles de Cyril Turban et Max Thirouin, l’alezane, petite-fille de Fernando-H, effectuait sa première sortie sous la selle de Thierry Rozier. Nataly ES a vu le jour chez Egbert Schep, qui avait notamment repéré un certain Big Star, né What A Quickstar R, à trois ans, et est aussi à l’origine de Libelle ES, championne des Pays-Bas l’an dernier à sept ans. Le trio de tête a été complété par Danais du Seigneur, une descendante de Ducati van Schuttershof, un fils de Kashmir van’t Schuttershof sur la souche de Qerly Chin, et sœur utérine du fabuleux et bien nommé Inouï du Seigneur, qui tutoies les sommets à dix ans seulement avec Rik Hemeryck. La baie, enregistrée au stud-book Zangersheide et née chez Marc et Kathleen Vanlangendonck, a été guidée vers un double sans-faute par le Français Alexandre Leriche.
Photo à la Une : Charlotte Spaas Levallois et sa pépite High Lady SL à Compiègne Classic. © Mélina Massias
Les Grands Prix de Compiègne réservés aux chevaux de six et sept ans sont à (re)voir sur GRANDPRIX.tv.