Pour leur deuxième journée de compétition à Bâle, Julien Epaillard et Donatello d’Auge ont fait simple et efficace : un sans-faute. Suffisant pour conserver la tête du classement général, sans même prendre part au barrage. À ce jeu-là, en revanche, Martin Fuchs a tenté le tout pour le tout avec Leone Jei et réalise une très belle opération en remontant au deuxième rang, à deux points de la tête. Le Suisse est ex aequo avec Henrik von Eckermann et Iliana, tandis que l’épreuve du jour a souri à Max Kühner, deuxième sur Elektric Blue P, et Alessandra Volpi, remarquable avec sa bondissante complice, Gipsy Love. Avant la seconde inspection vétérinaire et, surtout, les deux manches de la dernière journée de compétition, tout reste ouvert. Retour sur les enseignements du deuxième acte de cette finale indoor.
Après avoir livré une Chasse plutôt abordable et sans grand coup d’éclat, la finale de la Coupe du monde Longines de Bâle a pris un nouveau tournant, vendredi 4 avril. Gérard Lachat et Grégory Bodo, les chefs de piste de la semaine, avaient concocté un parcours relevé et sélectif, qui a accouché de son lot de rebondissements. De quoi tenir le public, plus nombreux ce soir, en haleine jusqu’à la toute fin de cette deuxième épreuve. Sur un format type Grand Prix, Julien Epaillard et Donatello d’Auge, qui s’étaient installés en tête du classement provisoire jeudi soir, ont tenu leur rang. Le Tricolore et son Selle Français Originel, fils du regretté Jarnac, sont même allés plus loin, en usant, à leur avantage, du format de la compétition. Avec un rapide calcul, le clan tricolore savait que son couple leader pouvait s’épargner un parcours supplémentaire - le barrage -, sans compromettre sa pole position. De fait, Donatello d’Auge aura sauté un parcours de moins que son premier dauphin, un certain Hay El Desta Ali, alias Leone Jei, qui a permis à son cavalier, face à son public et de nombreux drapeaux rouges à croix blanche agités dans l’immense Halle Saint-Jacques, de réaliser une très belle opération.
Leone Jei a tout donné pour son cavalier. © Mélina Massias
Des trente-sept paires à avoir pris le départ de cette deuxième manche de la finale de la Coupe du monde, six ont trouvé la clef du sans-faute, tandis que quatorze n’ont renversé qu’un seul obstacle. Il y eut bien quelques abandons et éliminations, pour des couples encore peu aguerris à ce niveau, et quelques scores lourds, comme celui encaissé par le très plaisant et généreux Gangster WW. Le fils de Lucky Won van het Bevrydthof, alias Grand Slam VDL, a dû attirer bien des regards ce soir du haut de ses neuf ans ! Alors qu’ils semblaient partie pour caracoler en tête avec les brillants Casual DV et Bond Jamesbond de Hay, Pieter Devos et Grégory Wathelet ont vécu une véritable douche froide. Le premier a d’abord essuyé quatre points en milieu de triple, avant que sa complice ne récidive de manière inhabituelle sur le vertical sur bidet numéro 7, le contraignant à effectuer une volte pour poursuivre son parcours, sans son brillant naturel… Résultat, vingt-trois points. Pour son compatriote, la désillusion fut tout aussi cruelle. Après une première faute, son puissant étalon a rétivé et refusé de sauter l’ultime vertical du tracé, portant son score final à treize unités.
La tête entre les mains en sortie de piste, Edouard Schmitz ne voulait pas y croire. Déterminé après une Chasse parfaite la veille avec son si cher et attachant Gamin van’t Naastveldhof, le talentueux jeune homme était parti pour reproduire sa performance. Mais, alors qu’il abordait la dernière ligne du parcours, composée des oxers 12 et 13, le Suisse a subi les conséquences de la casse de sa martingale, intervenue quelques secondes plus tôt. Terrible coup du sort, très certainement responsable des deux fautes commises coup sur coup… Si la déception fut certainement immense, voire insurmontable sur le moment, l’avenir reste devant ce couple, à qui il reste de beaux chapitres à écrire.
Sans catastrophe aucune, Sophie Hinners, dont l’équitation semblait encore très forte sur Iron Dames*My Prins van de Dorperheide, Richard Vogel, juché sur United Touch S, Ben Maher, associé à Point Break, Marcus Ehning, aux commandes de Coolio 42, Henrik von Eckermann, en selle sur Iliana, Lillie Keenan et Kick On, ainsi que Kevin Staut avec sa fidèle Visconti du Telman, ont chacun renversé un obstacle du parcours ce soir. Déjà convaincant hier avec la très bien née Carbon Girl, une rare fille de VDL Groep*Chester, le Hongrois Vince Jarmy a conclu sur le même score et confirmé la bonne impression laissée la veille. Très - trop ? - démonstratif, Grandorado a suppléé son demi-frère Highway mais n’a pu, non plus, éviter quatre points, de même que Kim Emmen et Imagine. Proche du but, Omar Abdul Aziz Al Marzooqi, lui, s’est arrêté avec six unités au compteur sur son somptueux Enjoy de la Mûre. De quoi laisser entrevoir de grands espoirs pour l’avenir.
Premier à avoir trouvé les clefs du sans-faute dans l’acte initial de cette épreuve, Daniel Coyle a ouvert le barrage sur Incredible. Le gris, qui a plutôt bien porté son nom lors de son premier parcours, a complètement manqué sa seconde prestation, entamée par… un refus sur le numéro 1. Logiquement, il termine cinquième, juste devant Julien Epaillard qui n’a, donc, pas couru le barrage afin d’économiser Donatello d’Auge avant la grande finale de dimanche. À la suite de l’Irlandais et de son fils de Clinton, Hans-Dieter Dreher a tout fait pour prendre sa revanche avec Ziroquado T, alias Elysium, après une Chasse manquée la veille aux rênes du vif Vestmalle des Cotis. Bien parti et porté par le public, son public, l’Allemand a craqué sur le dernier pour se ranger en quatrième position. Max Kühner a alors montré la voie avec un impeccable Elektric Blue P, venu en renfort d’EIC*Up Too Jacco Blue. L’Autrichien, qui travaille depuis de longs mois sur la vitesse, l’un des points perfectibles dans sa panoplie de compétences, a tiré profit de ses efforts ce soir, en terminant deuxième. Alessandra Volpi, qui a dû être le coup de cœur de plusieurs spectateurs avec sa bondissante Gipsy Love, une fille de Guidam Sohn (Guidam) née en République Tchèque, a répété son excellente performance de la veille et pris une très honorable troisième place. Enfin, dernier à tenter sa chance, et bien décidé à mettre toutes les cartes de son côté avant dimanche, Martin Fuchs s’est battu comme un lion sur Hay El Desta Ali, alias Leone Jei. Parfois en sursis, tant au premier qu’au deuxième tour, le fils de Bears, alias Baltic VDL, un étalon dans les veines duquel coule encore le sang du Selle Français Quidam de Revel, n’a pas mis une seule barre à terre et nettement devancé Elektric Blue. Martin Fuchs s’est ainsi offert un boost de confiance et un tour d’honneur face à ses fans, avant d’attaquer le dernier morceau de ce championnat.
Quel vent de fraîcheur ont fait souffler Alessandra Volpi et Gipsy Love à Bâle ! © Mélina Massias
Très préservé ces derniers mois, le hongre de treize ans s’est toujours montré régulier dans les grands rendez-vous, mais n’a, pour l’heure, conquis qu’une seule médaille individuelle, celle d’argent, en 2021, aux Européens de Riesenbeck. Au classement général, Leone Jei et son cavalier n’accusent que deux points de retard sur Julien Epaillard et Donatello d’Auge. Tout est donc encore possible, et la dernière, ou plutôt les deux dernières marches à gravir dimanche seront conséquentes. Ex aequo, Henrik von Eckermann et Iliana joueront leur va-tout, tout comme Kevin Staut, Lillie Keenan et Ben Maher, quatrièmes avec trois points. Alessandra Volpi et Gypsi Love, septièmes avec un retard de quatre points, restent, pour l’heure, les seules à avoir aligné trois parcours sans-faute. Et si toutes deux créaient la sensation, dimanche, en tenant tête aux cadors de la discipline ? Cela serait, assurément, une belle récompense pour l’amazone de bientôt vingt-cinq ans et sa pépite de onze printemps.
Les résultats complets de la deuxième étape de la finale.
Le classement général provisoire complet.
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Photo à la Une : Donatello d'Auge et Julien Epaillard ont deux points d'avance sur leur premier concurrent avant la finale de dimanche. © Mélina Massias