Pour Studforlife, la vétérinaire équin Nellie Curens nous éclaire sur la maladie.
« Nous connaissons actuellement ce qui est probablement la plus grave épidémie d'EHV-1 en Europe depuis des décennies », a déclaré la Fédération internationale d’équitation dans son communiqué. Ce week-end au CES Valencia, quatre chevaux ont été emportés par le virus, quatre-vingt-quatre autres sont sur place et présentent des signes cliniques. La France, la Belgique et l’Allemagne sont également devenus des foyers confirmés et sont alors sujets à la propagation. Pour Studforlife, la vétérinaire équine Nellie Curens nous éclaire sur cette maladie.
1. Sa définition
« Cette maladie est une infection par les herpèsvirus. Il en existe cinq variantes, dont l’EHV-4 et l’EHV-1 qui sont les plus communes.
Différentes formes cliniques peuvent être observées. La plupart du temps, la rhinopneumonie ressemble à un syndrome grippal, que l’on appelle la forme « respiratoire ». Les chevaux ont de la fièvre et une infection respiratoire. La forme « abortive » peut elle provoquer un avortement chez les poulinières gestantes. Enfin, la troisième et celle se développant en Europe actuellement, est dite « neurologique ». Elle commence d’abord par une période de fièvre puis des signes neurologiques apparaissent comme des ataxies de différents degrés - troubles de la coordination des mouvements - pouvant devenir des paralysies. Ça peut être très léger mais aussi très sévère, le cheval peut en arriver à ne plus avoir la force de se relever. Dans cette situation, la récupération du cheval varie et est certaine fois très longue. Il peut ainsi garder des séquelles à vie. Les formes neurologiques graves nécessitent certaines fois l’euthanasie. »
2. Sa propagation
« En principe, le virus se propage par contact direct. Les sécrétions d’un cheval à l’autre peuvent par exemple transmettre la maladie. Elle peut aussi être indirecte par le contact humain ou matériel : les mains, les équipements ou les vêtements des personnes s’occupant de différents chevaux à la fois sont autant de facteurs de risque.
Pour éviter les premiers symptômes, des gestes de bon sens sont recommandés tels que ne pas changer d'écurie pendant cette épidémie et reporter toute intervention non essentielle, masseur, thalassothérapie, si elles étaient prévues. S'il n'y a pas de cas contact dans l'écurie, on peut être plus laxiste sur les soins venant de l'extérieur comme le maréchal-ferrant ou le dentiste. Si un transport est non évitable, il faut également bien penser à désinfecter le camion ou le van. Au quotidien, chaque cheval doit avoir ses affaires, il ne faut pas les mélanger et se laver les mains. D'ailleurs, nous les vétérinaires n'utilisons pas deux fois la même fourniture et nous occupons du cheval malade en dernier, pour ne pas contaminer ceux qui vont bien. »
3. Sa détection
« La forme neurologique peut se déclarer jusqu'à environ dix jours après qu’un cheval ait été en contact avec un autre atteint. Cela veut dire qu’un cheval peut être porteur du virus sans avoir de signe. Partir avec lui en concours ou le déplacer est alors bien évidemment un risque pour tous les autres équidés présents sur les lieux ! Il est préférable de prendre la température matin et soir à tous les chevaux, de les mettre en quarantaine s'ils sont cas contact et, si l'un d'eux commence à avoir des premiers symptômes, il faut de suite l'isoler et appeler rapidement le vétérinaire afin d'effectuer un premier diagnostic. »
4. Sa guérison
« Il n'y a pas de vrai traitement pour la maladie, bien que les vétérinaires essaient, mais ces derniers sont très onéreux. Nous faisons alors très souvent des traitements symptomatiques où nous soulageons les chevaux avec des anti-inflammatoires, faisons la gestion de l’incontinence et les maintenons dans des hamacs pour les aider à être debout afin de les accompagner à aller mieux. »
5. Un vaccin ?
« Il existe un vaccin qui doit être réalisé par un vétérinaire et noté dans le carnet du cheval. Cependant, il ne protège pas contre la forme neurologique de la rhinopneumonie. Pour autant, il est important que le cheval soit vacciné, surtout pour ceux ne l’ayant pas eu, afin d’augmenter le taux d’anticorps général de l’écurie et donc, de diminuer la circulation du virus et limiter les symptômes, notamment pour la forme respiratoire. La vaccination contre la rhinopneumonie est obligatoire pour les trotteurs et les galopeurs ainsi que pour la saillie (selon les studbooks) mais ne l’est pas pour les autres catégories de chevaux. La fréquence de vaccination est de douze mois et six mois pour un cheval participant à des compétitions de la FEI. Notons tout de même que des compétitions ou des écuries demandent la vaccination obligatoire. »
Crédit photo : image d'illustration - Christophe Tanière / Sportfot.com