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L’Irlande prend sa revanche à Ocala

Irlande
Sport dimanche 24 mars 2024 Mélina Massias

 Deuxième à Abou Dabi, l’Irlande ne s’est pas laissé voler la vedette deux fois ! Jouant presque à domicile, les hommes de Michael Blake et leurs excellents complices à quatre jambes - Otis Blue, Amsterdam 27, Legacy et Maurice - ont triomphé à Ocala, pour la deuxième étape de la Ligue des nations Longines. Shane Sweetnam, Darragh Kenny, Daniel Coyle et Cian O’Connor ont été les meilleurs et ont supplanté la Suisse et les Etats-Unis.

Face à l’immense hôtel qui surplombe le stade principal du World Equestrian Center, bien qu’agrémenté de peu de sièges pour le public, l’Irlande a triomphé, samedi 23 mars dans la soirée. Après deux manches, sur ce nouveau circuit de la Ligue des nations Longines, lancé par la Fédération équestre internationale (FEI) cette saison, les hommes de Michael Blake ont triomphé… sous la pluie irlandaise ! L’humidité ambiante et la forte averse qui s’est abattu en Floride juste avant la remise des prix n’a en rien terni le sourire de Shane Sweetnam, Daniel Coyle, Cian O’Connor, Darragh Kenny et leur chef d’équipe, ravi d’avoir enfin brisé la malédiction et accroché le premier rang.

“Je suis très, très heureux. Nous avons été deuxièmes à huit reprises, mais nous sommes venus à bout de notre vaudou ce soir. Nous avons réussi à obtenir la victoire ! Je suis si fier de ces gars. Ils savaient simplement quoi faire et y sont parvenus. Ils sont incroyables. Je me sens honoré de travailler avec eux”, s’est ému le chef d’équipe du Trèfle. 

Michael Blake était un homme heureux samedi soir. © Lizz Greg / FEI

Après une première manche plutôt accessible, avec dix-huit sans-faute sur quarante parcours mais tout de même quelques déconvenues, comme l’élimination de Grégory Wathelet et Bond Jamesbond de Hay, qui ont rencontré des difficultés sur la rivière et ont été éliminés, tout comme Petronella Andersson et Odina van Klapscheut, ou encore les vingt-quatre points de Jessica Mendoza et I-Clap CL, la seconde a tenu ses promesses. Alors que trois équipes caracolaient en tête sur score vierge à la pause, l’Irlande a été la seule nation à achever la compétition avec moins de deux fautes au compteur. Au coude à coude avec les Etats-Unis et la Suisse avant le passage de leur ultime mousquetaire, les Irlandais et leurs fabuleuses montures ont tenu jusqu’au bout. Impeccables de bout en bout, Daniel Coyle et Legacy, née Chavantelle, ont fait ce qu’ils savent faire de mieux ces derniers temps : aligner les clear rounds et gagner. Pourtant, ce n’est pas ce couple d’exception, sur lequel il faudra assurément compter en cette année olympique, qui a scellé le sort des vestes vertes. Après un sans-faute de Darragh Kenny et Shane Sweetnam, respectivement associés à Amsterdam 27 et Otis Blue, Michael Blake a choisi d’écarter le second de sa sélection pour l’ultime acte de cet affrontement collectif. De retour en piste, la première paire citée a laissé rouler une barre à terre. Alors qu’il entrait en lice pour la première fois de la soirée, son départ n’ayant pas été nécessaire en première manche, Maurice, le cheval de Cian O’Connor, avait une sacrée pression sur l’encolure. Le couteau entre les dents, son pilote a tout donné et demandé chaque effort avec persuasion et détermination à son hongre de douze ans, quitte à ne pas produire le parcours le plus fluide de la soirée, pour rejoindre la ligne d’arrivée avec un point de temps dépassé, absolument insignifiant dans ce scénario. Complètement extatique, l’Irlandais, déjà vainqueur d’une épreuve en solo vendredi avec Chacco’s Light, a laissé exploser sa joie, poing levé en l’air. 

Shane Sweetnam fait aussi partie des cavaliers pouvant compter sur de nombreux excellents complices, comme le jeune Otis Blue, sans-faute en première manche. © Richard Juilliart / FEI

Cian O'Connor a exprimé toute sa joie après avoir scellé la victoire des siens samedi soir. © Richard Juilliart / FEI



“Maurice est un super cheval. Il a très bien sauté à Wellington en nocturne lors du dernier Grand Prix qu’il a disputé là-bas. Il était deuxième, derrière Darragh. J’avais donc confiance en lui”, a expliqué Cian O’Connor avant le tour d’honneur. “Parfois, il peut être un peu regardant en début de parcours, mais en passant après mes collègues, ma tâche était simple. Ils avaient déjà fait le plus dur. Je suis très fier de faire partie de ce succès et d’avoir fini le travail pour mes coéquipiers.” 

“J’ai réalisé plusieurs doubles sans-faute dans ma carrière, mais celui-là est un peu plus spécial. Dire que je ressemble à Jeroen Dubbeldam (faisant allusion à une remarque de Jessica Kürten herself, ndlr) est quelque chose de très fort. Il m’a fallu cinq ans pour apprendre comment avoir Legacy prête pour ce genre de rendez-vous. Désormais, je crois avoir compris”, a souri Daniel Coyle, qui marche sur l’eau depuis une poignée de mois. Et Shane Sweetnam, qui a remplacé Bertram Allen, blessé lors d’une chute dans ses écuries, au pied levé, d’ajouter : “Otis est un cheval très talentueux, mais il a seulement commencé à approcher ce niveau depuis deux mois. J’ai dit à Michael qu’il avait les capacités pour une épreuve comme celle-ci, mais que je n’étais pas certain que son expérience soit suffisante. Ce soir, il a montré qu’elle l’était et nous avons rempli notre contrat.” Après une belle victoire en Grand Prix 5* du côté de Wellington, Darragh Kenny et son fils de Catoki, Amsterdam 27, qu’il décrit comme l’un des meilleurs, si ce n’est le meilleur cheval qu’il a jamais monté, ont confirmé leur superbe état de forme. Presque à domicile aux Etats-Unis, l’Irlandais, qui n’a plus concouru en Europe depuis fin 2022, a pris du plaisir au cœur du gigantesque World Equestrian Center. “C’était génial. Gagner ici est vraiment agréable. Le stade est fantastique et l’ambiance très bonne. Mon cheval a super bien sauté. Je dois encore apprendre à le connaître un peu mieux, mais il saute de manière formidable en ce moment”, a apprécié Darragh Kenny.

L'excellente Legacy ne s'arrête plus et enchaîne les sans-faute et autres victoires avec le très en forme Daniel Coyle. © Richard Juilliart / FEI

À quatorze ans, l'olympique Amsterdam 27 se révèle et semble avoir encore franchi un cap. © Lizz Greg / FEI

La Suisse peut toujours compter sur ses piliers

Après la victoire de Martin Fuchs et Leone Jei, né Hay El Desta Ali, dans le Grand Prix jeudi, la Suisse a bien failli faire coup double. Pénalisée par deux parcours à huit points, signés par Pius Schwizer sur Just Special VK et Janika Sprunger avec Orelie, l’équipe de Peter van der Waaij a opéré une magnifique remontada grâce à une seconde manche parfaite. Aux côtés de Pius Schwizer, qui a rectifié le tir lors de son deuxième passage, Steve Guerdat et Martin Fuchs ont été injouables et ont mené Is-Minka et Leone Jei vers le double sans-faute. Si le second est un habitué du succès, sa cadette, elle, est entrée dans une nouvelle dimension ces derniers mois. Alors que son cavalier a toujours cru en elle, la fille de Mylord Carthago exprime enfin tout son talent en piste. Lauréate du Grand Prix Coupe du monde de Bordeaux, début février, la grise, qui aurait dû quitter son cavalier sans l’intervention du beau-père de ce dernier, Philippe Skalli, fait partie des nombreuses très bonnes cartouches de Steve Guerdat. Le Jurassien n’aura pas fait le voyage jusqu’en Floride pour rien, puisqu’il aura décroché deux deuxièmes places dans les épreuves reines du week-end !

Quel week-end pour le fantastique Leone Jei et son cavalier, le Suisse Martin Fuchs ! © Richard Juilliart / FEI



Portés par le double clear round de Laura Kraut et son cher Baloutinue, de retour au sommet de sa forme après de longs mois de pause, les Etats-Unis ont terminé troisièmes à domicile. Malgré deux bons premiers parcours, Kent Farrington et McLain Ward, juchés sur Landon, né Crack de Nyze, et Callas n’ont pas su réitérer sous les lumières artificielles d’Ocala. Le premier a concédé huit points et le second quatre. De leur côté, Aaron Vale et le formidable Carissimo 25, auteur d’un parcours à quatre points en première manche, n’ont pas défendu les couleurs du Stars and Stripes dans le second acte, nouveau règlement oblige.

Comme s'il n'avait jamais été écarté des terrains de compétitions, Baloutinue a porté sa cavalière vers un double zéro. © Richard Juilliart / FEI

Nouveau règlement oblige aussi, les Pays-Bas ont vu tous leurs espoirs s’envoler dès le premier parcours de la deuxième manche. Impeccables en première, les Néerlandais ont dû compter les douze points de Willem Greve et Highway M TN N.O.P, concédés lors de leur deuxième parcours. Les doubles zéro de Maikel van der Vleuten et Beauville N.O.P et Harries Smolders et le génialissime Uricas v/d Kattevennen n’ont pas suffi pour espérer mieux qu’une quatrième place. Après avoir brisé les rêves de l’Irlande à Abou Dabi, l’Allemagne a cette fois occupé le cinquième rang, après n’avoir enregistré aucun double sans-faute. En revanche, Richard Vogel et United Touch S, en rodage lors de leur première tentative en piste, ont réussi un sans-faute à couper le souffle lors de leur retour. Décidément, ces deux-là sont sur une autre planète. Avec vingt-six et trente-trois points au total des deux manches, le Brésil et la Belgique a eu un peu de mal à Ocala, tandis que la France a été reléguée en huitième position après l’élimination de Kevin Staut, victime d’une chute de Beau de Laubry en deuxième manche. La Suède et la Grande-Bretagne n’ont, elles, pas été invitées en deuxième partie de soirée.

Les résultats complets.

Photo à la Une : L’équipe irlandaise sur la plus haute marche du podium à Ocala. © Richard Juilliart / FEI

Les épreuves du CSIO 5* d’Ocala sont à (re)voir sur Clipmyhorse.tv.